fomesoutracom, le site de la documentation Scolaire et Universitaire vous offre gratuitement les cours, les sujets, les QCM les corrigés de CEPE, BEPC, BAC , Concours et autres à portée de main Commentaire d'un texte de Bergson, extrait de La pensée et le mouvement - Sujet corrigé de philosophie niveau Terminale
Quel est l’objet de l’art ? Si la rĂ©alitĂ© venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immĂ©diate avec les choses et avec nous-mĂȘmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutĂŽt que nous serions tous artistes, car notre Ăąme vibrerait alors continuellement Ă  l’unisson de la nature. Nos yeux, aidĂ©s de notre mĂ©moire, dĂ©couperaient dans l’espace et fixeraient dans le temps des tableaux inimitables. Notre regard saisirait au passage, sculptĂ©s dans le marbre vivant du corps humain, des fragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique. Nous entendrions chanter au fond de nos Ăąmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mĂ©lodie ininterrompue de notre vie intĂ©rieure. Tout cela est autour de nous, tout cela est en nous, et pourtant rien de tout cela n’est perçu par nous distinctement. Entre la nature et nous, que dis-je ? entre nous et notre propre conscience, un voile s’interpose, voile Ă©pais pour le commun des hommes, voile lĂ©ger, presque transparent, pour l’artiste et le poĂšte. Quelle fĂ©e a tissĂ© ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitiĂ© ? Il fallait vivre, et la vie exige que nous apprĂ©hendions les choses dans le rapport qu’elles ont Ă  nos besoins. Vivre consiste Ă  agir. Vivre, c’est n’accepter des objets que l’impression utile pour y rĂ©pondre par des rĂ©actions appropriĂ©es les autres impressions doivent s’obscurcir ou ne nous arriver que confusĂ©ment. Je regarde et je crois voir, j’écoute et je crois entendre, je m’étudie et je crois lire dans le fond de mon cƓur. Mais ce que je vois et ce que j’entends du monde extĂ©rieur, c’est simplement ce que mes sens en extraient pour Ă©clairer ma conduite ; ce que je connais de moi-mĂȘme, c’est ce qui affleure Ă  la surface, ce qui prend part Ă  l’action. Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la rĂ©alitĂ© qu’une simplification pratique. Dans la vision qu’ils me donnent des choses et de moi-mĂȘme, les diffĂ©rences inutiles Ă  l’homme sont effacĂ©es, les ressemblances utiles Ă  l’homme sont accentuĂ©es, des routes me sont tracĂ©es Ă  l’avance oĂč mon action s’engagera. Ces routes sont celles oĂč l’humanitĂ© entiĂšre a passĂ© avant moi. Les choses ont Ă©tĂ© classĂ©es en vue du parti que j’en pourrai tirer. Et c’est cette classification que j’aperçois, beaucoup plus que la couleur et la forme des choses. Sans doute l’homme est dĂ©jĂ  trĂšs supĂ©rieur Ă  l’animal sur ce point. Il est peu probable que l’Ɠil du loup fasse une diffĂ©rence entre le chevreau et l’agneau ; ce sont lĂ , pour le loup, deux proies identiques, Ă©tant Ă©galement faciles Ă  saisir, Ă©galement bonnes Ă  dĂ©vorer. Nous faisons, nous, une diffĂ©rence entre la chĂšvre et le mouton ; mais distinguons-nous une chĂšvre d’une chĂšvre, un mouton d’un mouton ? L’individualitĂ© des choses et des ĂȘtres nous Ă©chappe toutes les fois qu’il ne nous est pas matĂ©riellement utile de l’apercevoir. Et lĂ  mĂȘme oĂč nous la remarquons comme lorsque nous distinguons un homme d’un autre homme, ce n’est pas l’individualitĂ© mĂȘme que notre Ɠil saisit, c’est-Ă -dire une certaine harmonie tout Ă  fait originale de formes et de couleurs, mais seulement un ou deux traits qui faciliteront la reconnaissance pratique. BERGSON, Le rire, chapitre III, I, §16 Questions d’explication Notre perception de la rĂ©alitĂ© est-elle celle d’un artiste ? Identifiez le type d’argument utilisĂ© par Bergson et reformulez-le. Selon Bergson, est-il vital de percevoir le rĂ©el tel qu’il est ? Expliquez son raisonnement. Notre perception du monde est-elle plutĂŽt individuelle ou gĂ©nĂ©rique ? Justifiez. Une explication orale proposĂ©e par Ivo, Nina, Paloma, Emma, Mathis & Claire TL, 2018 Une explication orale proposĂ©e par LĂ©a & Lola TESL, 2019 Extrait suivant dans l’oeuvre Retour Ă  l’oeuvre complĂšte
Bergsonpose plus particuliĂšrement le problĂšme de savoir si le langage est partial, et jusqu’à quel point il est possible de l’identifier Ă  une description objective du rĂ©el. Loin de rejeter l’idĂ©e d’une naturalitĂ© du langage qui est ainsi un outil au service de la comprĂ©hension et de l’analyse du rĂ©el, Bergson prĂ©cise pourtant cette thĂšse en montrant qu’elle n’est pas
Unit 1 - Corpus Sujets - 1 Sujet La matiĂšre et l'esprit CorrigĂ© 25 La raison et le rĂ©el phiT_1211_11_03C Nouvelle-CalĂ©donie ‱ Novembre 2012 explication de texte ‱ SĂ©rie L > Expliquer le texte suivant Celui qui pourrait regarder Ă  l'intĂ©rieur d'un cerveau en pleine activitĂ©, suivre le va-et-vient des atomes et interprĂ©ter tout ce qu'ils font, celui-lĂ  saurait sans doute quelque chose de ce qui se passe dans l'esprit, mais il n'en saurait que peu de chose. Il en connaĂźtrait tout juste ce qui est exprimable en gestes, attitudes et mouvements du corps, ce que l'Ă©tat d'Ăąme contient d'action en voie d'accomplissement, ou simplement naissante le reste lui Ă©chapperait. Il serait, vis-Ă -vis des pensĂ©es et des sentiments qui se dĂ©roulent Ă  l'intĂ©rieur de la conscience, dans la situation du spectateur qui voit distinctement tout ce que les acteurs font sur la scĂšne, mais n'entend pas un mot de ce qu'ils disent. Sans doute, le va-et-vient des acteurs, leurs gestes et leurs attitudes, ont leur raison d'ĂȘtre dans la piĂšce qu'ils jouent ; et si nous connaissons le texte, nous pouvons prĂ©voir Ă  peu prĂšs le geste ; mais la rĂ©ciproque n'est pas vraie, et la connaissance des gestes ne nous renseigne que fort peu sur la piĂšce, parce qu'il y a beaucoup plus dans une fine comĂ©die que les mouvements par lesquels on la scande. Ainsi, je crois que si notre science du mĂ©canisme cĂ©rĂ©bral Ă©tait parfaite, et parfaite aussi notre psychologie, nous pourrions deviner ce qui se passe dans le cerveau pour un Ă©tat d'Ăąme dĂ©terminĂ© ; mais l'opĂ©ration inverse serait impossible, parce que nous aurions le choix, pour un mĂȘme Ă©tat du cerveau, entre une foule d'Ă©tats d'Ăąme diffĂ©rents, Ă©galement appropriĂ©s. Henri Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919. DĂ©gager la problĂ©matique du texte Nous pouvons, en neurosciences, observer les mouvements du cerveau aussi bien lorsqu'il y a une perception que lorsqu'il y a une action commandĂ©e. Pouvons-nous dire pour autant que nous sommes capables de dĂ©crire les mouvements de l'esprit ? Ce texte questionne la relation entre le cerveau et la pensĂ©e, et plus gĂ©nĂ©ralement entre le corps et l'Ăąme s'agit-il d'une mĂȘme substance ? S'agit-il de deux substances qui agissent en parallĂšle ? La pensĂ©e est-elle logĂ©e dans le cerveau comme dans un lieu ou au contraire est-ce qu'elle l'enveloppe ou le dĂ©borde ? RepĂ©rer la structure du texte et les procĂ©dĂ©s d'argumentation Pour y rĂ©pondre Bergson procĂšde en trois parties. Il commence par imaginer l'expĂ©rimentation parfaite qui permettrait d'observer tous les mouvements du cerveau elle ne permettrait pas de saisir l'ensemble des mouvements de l'Ăąme. Il explique alors, dans un deuxiĂšme moment, ce qu'on pourrait y voir Ă  l'aide d'une comparaison l'observateur, qui cherche Ă  comprendre l'esprit par l'observation des mouvements du cerveau, serait comme l'observateur d'une piĂšce de théùtre dont on aurait coupĂ© le son. Il conclut alors que les mouvements de l'Ăąme dĂ©bordent toujours ceux du cerveau. Éviter les erreurs Ce texte semble, par la richesse de ses images, facile Ă  comprendre. Or il engage des problĂšmes mĂ©taphysiques trĂšs complexes sur la relation entre l'Ăąme et le corps, la pensĂ©e et le cerveau. Il implique de se dĂ©gager de tout a priori purement matĂ©rialiste ou au contraire purement spiritualiste, dans la mesure oĂč Bergson pose une thĂšse tout Ă  fait originale il existe un cerveau matĂ©riel mais aussi une conscience en interaction avec lui, sans pour autant que l'un se confonde avec l'autre. Introduction Si l'on peut observer des mouvements dans le cerveau d'un individu chaque fois qu'il perçoit quelque chose ou qu'il commande par exemple Ă  son corps de marcher, peut-on pour autant identifier l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale et la pensĂ©e ? C'est Ă  cette question de la relation entre l'Ăąme et le cerveau que Bergson tente d'apporter des rĂ©ponses, avec cet extrait de L'Énergie spirituelle. La pensĂ©e se confond-elle avec celle du cerveau ? Si ce n'est pas le cas, est-elle une activitĂ© parallĂšle Ă  celle du cerveau, en est-elle un Ă©piphĂ©nomĂšne, ou bien encore une activitĂ© radicalement diffĂ©rente ? Il ne s'agit pas pour Bergson de nier certaines corrĂ©lations entre l'esprit et la matiĂšre, ni mĂȘme de minimiser les progrĂšs de la science mais de montrer que l'activitĂ© de la pensĂ©e ne se limite pas Ă  celle du cerveau. Pour cela, il commence par dĂ©crire ce que l'on peut observer d'un point de vue strictement matĂ©riel dans un cerveau aussi parfaite que puisse ĂȘtre une expĂ©rience, elle ne peut rendre compte de toute l'activitĂ© de l'esprit. Pour le comprendre, il Ă©tablit une comparaison dans une seconde partie entre le cerveau et une scĂšne de théùtre dont on ne pourrait que voir bouger les acteurs sans les entendre. Il conclut alors dans un troisiĂšme temps que l'action de l'Ăąme dĂ©passe celle du cerveau. 1. La vision du neurologue sur le cerveau informe peu sur l'activitĂ© de l'esprit A. On peut repĂ©rer certains mouvements matĂ©riels du cerveau Bergson imagine que l'on puisse observer Ă  l'intĂ©rieur d'un cerveau les diffĂ©rents mouvements de la matiĂšre jusque dans leurs plus petites parties, les atomes. Cette idĂ©e semble concevable aujourd'hui avec les techniques d'imagerie mĂ©dicale qui permettent dĂ©jĂ  d'apprĂ©hender certaines variations. Le cerveau est la partie du corps qui constitue le centre neurologique Ă  son endroit se relient les mouvements nerveux centrifuges et centripĂštes, centre de rĂ©ception des sensations et centre de commandement des actions. Il y a donc un endroit, un lieu oĂč se localisent dans le corps la rĂ©ception d'images de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et le point moteur de l'action. En ce sens par exemple, le docteur Broca a Ă©tabli en 1861, Ă  partir de l'Ă©tude d'un patient aphasique, qu'Ă  un endroit particulier du cerveau, que l'on appelle depuis l'aire de Broca, se trouve le centre des commandes du langage. B. Mais ils ne se confondent pas avec ceux de l'esprit On pourrait alors imaginer que, si on peut localiser dans le cerveau ce qui provoque des reprĂ©sentations et nous engage Ă  parler, si on peut localiser et observer ce qui est source et expression de la pensĂ©e, alors on pourrait, avec un outillage perfectionnĂ©, savoir ce qui se passe dans l'esprit. Or, dit Bergson, cet observateur privilĂ©giĂ© n'en saurait finalement que peu de choses. Pourquoi ? Parce qu'il convient de distinguer justement l'esprit de ses effets matĂ©riels. L'esprit ne se confond pas avec ce qui est exprimable en geste », il semblerait y avoir tout un domaine inexprimable, dont on ne peut rendre compte matĂ©riellement. Il y a bien de l'Ăąme une partie qui se rĂ©percute dans l'action naissante, le moment oĂč l'Ăąme impulse un nouveau mouvement. Mais tout le reste lui Ă©chapperait ». Tout ce qui de l'esprit n'est pas immĂ©diatement rĂ©injectĂ©, actualisĂ©, dans un mouvement matĂ©riel, demeure inconnu pour l'observateur du cerveau, aussi parfaite que soit son imagerie mĂ©dicale. [Transition] Mais quel est donc cet excĂ©dent qui ne se matĂ©rialise pas et que l'on ne peut repĂ©rer par l'expĂ©rimentation scientifique ? 2. Le cerveau est comme la scĂšne d'un théùtre dont on n'entend pas le son A. Observer les mouvements du cerveau, c'est comme regarder une piĂšce sans le son Pour y rĂ©pondre Bergson va utiliser une analogie entre le rapport du cerveau Ă  l'esprit et celui des gestes vus sur une scĂšne de théùtre au sens mĂȘme de la piĂšce. En effet, celui qui veut comprendre la pensĂ©e d'un homme en regardant simplement les scanners que l'on a pu faire de son cerveau, serait comme celui qui tenterait de comprendre une piĂšce de théùtre alors mĂȘme qu'il n'y aurait pas de son. Il ne verrait que des mouvements, des gestes, mais le sens et la signification lui Ă©chapperaient dans bien des cas. De la mĂȘme maniĂšre, les images des cerveaux peuvent parfois coĂŻncider avec, par exemple, un ordre donnĂ© par l'Ăąme ou une Ă©motion ressentie lors d'une sensation, mais en aucun cas elles ne donnent accĂšs Ă  l'interprĂ©tation que l'on peut en faire. On peut observer que certaines zones du cerveau rĂ©agissent lorsque l'individu regarde une Ɠuvre d'art, mais finalement, on n'est pas renseignĂ© sur ce qu'il en pense, s'il la trouve belle ou laide, si elle lui rappelle des souvenirs et lesquels, ou si au contraire, cette Ɠuvre lui donne des idĂ©es de projets. B. Le sens profond de la piĂšce dĂ©passe les simples gestes comme les mouvements de la conscience Ă©chappent aux simples mouvements du cerveau Bien sĂ»r, il y a une relation de cause Ă  effet entre le sens de la piĂšce et le va-et-vient » des acteurs, leur comportement. C'est bien le sens de la piĂšce, son Ă©criture ou le scĂ©nario, qui guide le comportement, le jeu des acteurs, leurs gestes et dĂ©placements. Tel scĂ©nario peut impliquer telle action sur scĂšne mais a contrario, tel geste peut renvoyer Ă  plusieurs causes diffĂ©rentes. Le fait qu'un personnage indique Ă  un autre oĂč se trouve un objet engage trĂšs certainement qu'il tende la main dans cette direction. Il y a bien en ce sens relation de cause Ă  effet, de la mĂȘme maniĂšre qu'un mouvement de l'aire Broca indique qu'un homme va se mettre Ă  parler. En revanche la rĂ©ciproque n'est pas vraie » l'observation sans le son d'une main tendue ne nous renseigne pas sur l'intention du personnage. Elle peut par exemple dĂ©signer une blessure, une menace de gifle, le fait qu'elle soit vide, ou encore la possibilitĂ© d'aider l'autre
 Le simple fait de voir un geste ne nous renseigne que fort peu sur la piĂšce », c'est-Ă -dire que les gestes ne sont pas porteurs de sens indĂ©pendamment du contexte dans lequel ils se dĂ©ploient, et ce contexte est lui-mĂȘme tributaire des dialogues entre les personnages. De la mĂȘme maniĂšre un mouvement de l'aire de Broca ne prĂ©sume en rien du contenu de ce que va dire l'individu qui parle. [Transition] Mais si les mouvements d'un cerveau ne permettent pas de dĂ©crire les mouvements de l'Ăąme, est-ce Ă  dire que leurs actions sont indĂ©pendantes ? 3. Ainsi l'action de l'Ăąme dĂ©passe celle du cerveau A. Un mĂ©canisme cĂ©rĂ©bral peut rendre compte d'un Ă©tat psychique Monisme ThĂšse philosophique selon laquelle tout ce qui existe – l'univers, le cosmos, le monde – est essentiellement un tout unique. Il ne s'agit pas de nier l'interaction entre le cerveau et la pensĂ©e, entre la matiĂšre et l'esprit, et en cela la philosophie de Bergson n'est pas un monisme. En effet, si nous avions d'un cĂŽtĂ© une connaissance parfaite de ce qui se passe matĂ©riellement dans un cerveau, c'est-Ă -dire une science du mĂ©canisme cĂ©rĂ©bral », et d'un autre cĂŽtĂ©, une connaissance parfaite des mouvements de l'Ăąme d'un individu, de ses pensĂ©es, c'est-Ă -dire une parfaite psychologie », alors peut-ĂȘtre que nous pourrions Ă©tablir une correspondance entre les mouvements du premier qui exprimeraient les mouvements du second. On pourrait retrouver pour un Ă©tat d'Ăąme prĂ©cis la cause matĂ©rielle dans le cerveau. Est-ce que cerveau et esprit agissent de maniĂšre parallĂšle, se faisant Ă©cho comme par une harmonie préétablie » selon l'expression de Leibniz ? B. Mais la rĂ©ciproque n'est pas vraie C'est justement la critique de toutparallĂ©lisme qu'entend faire ici Bergson. En effet, si Ă  un certain mouvement de l'Ăąme correspond un certain mouvement du cerveau, la rĂ©ciproque n'est pas vraie. Un mouvement prĂ©cis du cerveau peut renvoyer Ă  une infinitĂ© de mouvements diffĂ©rents de l'Ăąme, de la mĂȘme maniĂšre qu'un geste sur une scĂšne de théùtre peut avoir une multiplicitĂ© d'interprĂ©tations possibles. Ainsi l'action de l'esprit, si elle se trouve mĂȘlĂ©e Ă  celle du cerveau, ne peut pas pour autant lui ĂȘtre totalement superposable. L'action de l'Ăąme dĂ©borde de loin celle de l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale. Cela laisse envisager la possibilitĂ© pour l'Ăąme de survivre au corps, autrement dit d'accĂ©der Ă  l'immortalitĂ©. Pour rendre compte du rapport entre le cerveau et la pensĂ©e, Bergson a recours par ailleurs dans le mĂȘme ouvrage, Ă  une image le cerveau est comme le clou qui soutient un manteau, Ă©quivalant de l'Ăąme. On ne peut nier que le cerveau ne doit pas ĂȘtre endommagĂ© pour que la pensĂ©e se fasse correctement. Des accidents tĂ©moignent des troubles psychiques engendrĂ©s par des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales. De la mĂȘme maniĂšre on ne peut nier que sans le clou, le manteau tombe, mais l'on ne peut affirmer que la forme du clou dĂ©termine toute la forme du manteau. Ainsi le cerveau constitue bien une condition pour que la conscience puisse agir, mais en aucun cas il ne constitue une condition suffisante, il n'en est pas la cause. Conclusion À la question de savoir quels sont les rapports de la conscience et du cerveau, Bergson rĂ©pond par une rĂ©futation du matĂ©rialisme l'esprit ne peut en ĂȘtre un simple Ă©piphĂ©nomĂšne, une simple fonction secondaire. Il ne nie pas pour autant l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale et ses interactions avec la pensĂ©e, et en cela il n'est pas purement spiritualiste. GrĂące Ă  l'image de la piĂšce de théùtre, il montre alors qu'il ne s'agit pas d'un simple parallĂ©lisme entre esprit et cerveau car si, Ă  un mouvement prĂ©cis de l'Ăąme peut correspondre un certain mouvement du cerveau, la rĂ©ciproque n'est pas vraie un mouvement du cerveau peut Ă©voquer une multitude de variations psychologiques. Ainsi l'Ăąme dĂ©borde toujours sur le corps et, par lĂ  mĂȘme, la mĂ©taphysique est possible.

Achetezet téléchargez ebook La Pensée et le mouvant: Boutique Kindle - Philosophie : Choisir vos préférences en matiÚre de cookies. Nous utilisons des cookies et des outils similaires qui sont nécessaires pour vous permettre d'effectuer des achats, pour améliorer votre expérience d'achat et fournir nos services, comme détaillé dans notre Avis sur les cookies.

DerniĂšre mise Ă  jour 07/06/2021 ‱ ProposĂ© par P-J Dessertine professeur Texte Ă©tudiĂ© La vĂ©ritĂ© serait dĂ©posĂ©e dans les choses et dans les faits notre science irait l'y chercher, la tirerait de sa cachette, l'amĂšnerait au grand jour. Une affirmation telle que "la chaleur dilate les corps" serait une loi qui gouverne les faits, qui trĂŽne, sinon au-dessus d'eux, du moins au milieu d'eux, une loi vĂ©ritablement contenue dans notre expĂ©rience et que nous nous bornerions Ă  en extraire. Cette conception de la vĂ©ritĂ© est naturelle Ă  notre esprit et naturelle aussi Ă  la philosophie, parce qu'il est naturel de se reprĂ©senter la rĂ©alitĂ© comme un tout parfaitement cohĂ©rent et systĂ©matisĂ©, que soutient une armature logique. [ ... ] Mais l'expĂ©rience pure et simple ne nous dit rien de semblable. L'expĂ©rience nous prĂ©sente un flux de phĂ©nomĂšnes si telle ou telle affirmation relative Ă  l'un d'eux nous permet de maĂźtriser ceux qui le suivront ou mĂȘme simplement de les prĂ©voir, nous disons de cette affirmation qu'elle est vraie. Une proposition telle que "la chaleur dilate les corps", proposition suggĂ©rĂ©e par la vue de la dilatation d'un certain corps, fait que nous prĂ©voyons comment d'autres corps se comporteront en prĂ©sence de la chaleur ; elle nous aide Ă  passer d'une expĂ©rience ancienne Ă  des expĂ©riences nouvelles c'est un fil conducteur, rien de plus. La rĂ©alitĂ© coule ; nous coulons avec elle et nous appelons vraie toute affirmation qui, en nous dirigeant Ă  travers la rĂ©alitĂ© mouvante, nous donne prise sur elle et nous place dans de meilleures conditions pour agir. Bergson, La PensĂ©e et le Mouvant Ce corrigĂ© est disponible sur un site externe Ă  20aubac. En cas de problĂšme d'accĂšs Ă  la page originale, vous pouvez accĂ©der aux copies enregistrĂ©es. Consultez ce corrigĂ© Copie Copie format PDF
piÚcedétachée banc de musculation domyos; résumé juste la fin du monde scÚne par scÚne; le complexe du papillon ; pierre bleue du vietnam entretien; power rangers dino charge épisode 1 streaming vf; cuore di ferro Ú una metafora o una similitudine; centrale physique 1 pc 2020 corrigé; dissertation sur les progrÚs scientifiques et techniques la pensée et le mouvant
You're Reading a Free Preview Pages 7 to 16 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 20 to 22 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 26 to 34 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Page 41 is not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 45 to 55 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 59 to 66 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 70 to 74 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 78 to 83 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 90 to 94 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 98 to 101 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 105 to 111 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 118 to 132 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 139 to 142 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 149 to 164 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Pages 171 to 179 are not shown in this preview. You're Reading a Free Preview Page 183 is not shown in this preview.
ï»żexplicationde texte bergson l'Ă©nergie spirituelle la conscience. Tristan Et Iseut Chapitre 4 Analyse, Assassin's Creed Odyssey Valeurs Familiales HĂ©rodote, Pliage Oiseau Papier Facile, Laurier Du Caucase Allergie, Le Petit Corps Culbutant De Travers, Aphasie Mots FlĂ©chĂ©s, ClĂ© D'identification Des Insectes, Robot Tondeuse Husqvarna, Boucle D'oreille Double Trou Or, Finalement, voici l'exemple de ce que j'ai fait. C'est loin d'ĂȘtre parfait, mais ça peut complĂšter ton travail Que nous dit 
 l’expĂ©rience ? Elle nous montre que la vie de l’ñme ou, si vous aimez mieux, la vie de la conscience, est liĂ©e Ă  la vie du corps, qu’il y a solidaritĂ© entre elles, rien de plus. → L'expĂ©rience, donc le vĂ©cu, nous prouve qu'il y a un lien entre la pensĂ©e et le corps. Contrairement Ă  Descartes qui disait que la PensĂ©e est indĂ©pendante de toute chose extĂ©rieure, Bergson affirme ici que les idĂ©es et le physique d'une personne ont un rapport. Mais ce point n’a jamais Ă©tĂ© contestĂ© par personne, et il y a loin de lĂ  Ă  soutenir que le cĂ©rĂ©bral est l’équivalent du mental, qu’on pourrait lire dans un cerveau tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. → Dans cette premiĂšre constatation, Bergson n'affirme rien de nouveau. Ce constat de rapport entre pensĂ©e et corps, Ăąme et physique, conscience et science, ne signifie pourtant pas que pensĂ©e Ă©gale corps! Bergson donne pour cela l'exemple du cerveau humain on ne peut pas voir dans un cerveau ce que pense l'homme. La chose purement matĂ©rielle, ce morceau du corps humain, ne permet pas de connaĂźtre la chose immatĂ©rielle, spirituelle qu'est la pensĂ©e humaine. Un vĂȘtement est solidaire du clou auquel il est accrochĂ© ; il tombe si l’on arrache le clou ; il oscille si le clou remue ; il se troue, il se dĂ©chire si la tĂȘte du clou est trop pointue ; il ne s’ensuit pas que chaque dĂ©tail du clou corresponde Ă  un dĂ©tail du vĂȘtement, ni que le clou soit l’équivalent du vĂȘtement ; encore moins s’ensuit-il que le clou et le vĂȘtement soient la mĂȘme chose. → Pour illustrer encore son idĂ©e, Bergson a recours Ă  un second exemple, celui du vĂȘtement accrochĂ© Ă  un clou. En fonction du mouvement du clou, le vĂȘtement rĂ©agit. Dans cette mesure, il dĂ©pend du clou. Pourtant, cela ne signifit pas que le corps du clou ait des correspondances avec le corps du vĂȘtement. Un pli dans le clou par exemple ne reprĂ©sente pas un trou dans le vĂȘtement. De plus, le vĂȘtement n'est pas la mĂȘme chose que le clou. Ils ne se confondent pas mais sont bien distinguĂ©s. Ainsi, la conscience est incontestablement accrochĂ©e Ă  un cerveau mais il ne rĂ©sulte nullement de lĂ  que le cerveau dessine tout le dĂ©tail de la conscience, ni que la conscience soit une fonction du cerveau. → De cet exemple, Bergson dĂ©duit que la pensĂ©e est effectivement „accrochĂ©e“ au cerveau, elle est bel et bien produite dans le cerveau. Si le cerveau est blessĂ©, suite Ă  un traumatisme cranien par exemple, la pensĂ©e peut aussi ĂȘtre altĂ©rĂ©e. Mais cela ne signifit pas que le cerveau uniquement produise la pensĂ©e. MalgrĂ© tout, la conscience et l'Ă©thique d'un individu ne dĂ©pend pas seulement et uniquement du cerveau. Tout ce que l’observation, l’expĂ©rience, et par consĂ©quent la science nous permettent d’affirmer, c’est l’existence d’une certaine relation entre le cerveau et la conscience. → C'est seulement une „certaine relation“ que l'expĂ©rience peut donc nous prouver. laphilodeluxe CorrigĂ© d'une explication de texte de Bergson sur le langage et la pensĂ©e. Ce blog est consacrĂ© Ă  la philosophie et Ă  la littĂ©rature dans la mesure oĂč elle a une dimension philosophique. Il est destinĂ© Ă  mes Ă©lĂšves de terminales et de classes prĂ©paratoires. Copier ne sert Ă  rien et se remarque facilement.

MĂ©thodes et techniques â–ș Fiches techniques â–ș vous ĂȘtes iciMĂ©thodes et techniquesL’explication de texte au bac français– Conseils gĂ©nĂ©raux –💡 Note 💡 Il vous en sera toujours demandĂ© une explication de texte Ă  l’oral du bac français. Il y a certaines chances pour qu’à l’écrit on vous propose un texte Ă  commenter sous forme de dissertation suivie un sujet sur les trois assez souvent. Nous allons vous indiquer une mĂ©thode gĂ©nĂ©rale, valable dans la plupart des cas pour pouvoir commenter diffĂ©rents types de textes.● Il peut se rattacher Ă  un Ă©vĂ©nement prĂ©cis, tel Le Lac, A Villequier, les Nuits, etc. Vous devez succinctement rappeler les faits qui sont Ă  l’origine du texte et, ainsi, l’amener.● Parfois, le texte est la partie d’un tout. Replacez-le alors dans l’ensemble, c’est-Ă -dire dans la piĂšce, le roman, etc. de façon Ă  pouvoir lui donner un sens vĂ©ritable et sa gĂ©nĂ©raleIl vous faut dĂ©gager l’idĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’extrait et son montrerez ainsi que vous avez su, par delĂ  le dĂ©tail, dĂ©couvrir le thĂšme essentiel, ce qui n’est pas toujours aisĂ©, et retrouver les articulations du des textes courts sonnets de Ronsard ou de Heredia
 comportent un plan parfaitement net. Mais parfois aussi il ne faut pas s’acharner Ă  dĂ©couvrir des parties » en 15 ou 20 lignes qu’un Ă©crivain n’a point composĂ©es comme une dissertation. Plan peut d’ailleurs trĂšs souvent signifier mouvement de la pensĂ©e, Ă©largissement d’un thĂšme ; parfois on ne pourra que constater dĂ©sordre de la passion, du littĂ©ralePassez ensuite Ă  l’explication littĂ©rale. On ne peut vous dire de façon formelle en quoi elle peut consister. Sachez qu’en partant de l’expression, il s’agira de dĂ©gager, d’expliquer, de commenter tout ce qui pourra mettre en parfaite lumiĂšre la pensĂ©e, les faits, ne faites pas fausse route analyse ne signifie pas paraphrase. N’allez pas redire en mauvaise prose ce que l’écrivain a exprimĂ© en parfaite poĂ©sie, peut-ĂȘtre. Faites la dĂ©couverte des moyens originaux vocabulaire, style, versification, etc. mis en Ɠuvre par l’auteur pour rendre telle pensĂ©e ou telle y faut des connaissances, sans doute, et l’histoire littĂ©raire, voire l’histoire tout court, rendront service on pourra avoir Ă  situer un fait ou un lieu. Mais la grande affaire n’est pas l’érudition. On vous demande avant tout du goĂ»t, une sorte de sympathie littĂ©raire qui vous fera sentir les nuances de l’émotion, l’évolution de la pensĂ©e, l’ironie, l’humour
 et cela Ă  travers les moyens que l’écrivain peut mettre en Ɠuvre. Ne vous montrez jamais pĂ©dants mais intuitifs, sensibles, pĂ©nĂ©trants. Si vos Ă©tudes vous ont donnĂ© quelque humanisme, lĂ  vous en pourrez faire la fait, il n’est donc pas question de retrouver tout l’art, toute la pensĂ©e d’un Ă©crivain en 20 lignes. Tenez-vous en, loyalement, Ă  ce que ces 20 lignes-lĂ  vous rĂ©vĂšlent par analyse. Le regroupement des Ă©lĂ©ments ainsi obtenus vous conduira Ă  des conclusions sur quoi vous terminerez et qui Ă©claireront sans doute une face particuliĂšre d’un gĂ©nie ou d’un talent fond, l’on pourrait dire que commenter un texte est, tout simplement, savoir le lire et le sentir.📝 PrĂȘte pour l’examen ? 📝 Dissertation ? Commentaire composĂ© ? RĂ©sumĂ© ? Argumentation ? Autre ? Consultez toutes les mĂ©thodes et les fiches techniques proposĂ©es en ligne par !Articles connexes LumiĂšre sur
 MĂ©thodes et techniques. L’analyse linĂ©aire. Conseils pour la prĂ©sentation des copies. Conseils pour une rentrĂ©e scolaire rĂ©ussie. Les figures de style. Les genres littĂ©raires. Les courants littĂ©raires. Auteurs français. Comment utiliser les citations ? Comment utiliser les citations ?Suggestion de livresRecherche sur le site

poussettetrottine cassiopĂ©e carrefour / prix raccordement Ă©lectricitĂ© / bergson, le rire explication de texte. bergson, le rire explication de texte . by: poignĂ©e salle de bain - ikea 0 bĂŹnh luáș­n ThĂĄng Mười Một 16, 2021 - RĂ©sumĂ© n°1 MP et PSI AndrĂ© Comte-Sponville, PrĂ©sentations de la philosophie, 2000, Albin Michel, p. 151-155. - RĂ©sumĂ© n°2 PCSI, MP et PSI Nicole Aubert, Le culte de l'urgence. La sociĂ©tĂ© malade du temps, 2003, Champs essais, 2009, p. 339-342. - RĂ©sumĂ© n°3 PCSI, MP et PSI Hartmut Rosa, AliĂ©nation et accĂ©lĂ©ration. Vers une thĂ©orie critique de la modernitĂ©, 2010, tr. fr. Thomas Chaumont, La DĂ©couverte, 2012, p. 127-130. - RĂ©sumĂ© n°4 PCSI Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, L'irrĂ©versible et la nostalgie, 1974, Flammarion, Champs essais, 2011, p. 230-234. - RĂ©sumĂ© n°5 Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, L'irrĂ©versible et la nostalgie, 1974, Flammarion, Champs essais, 2011, p. 168-171 et 176-177. - RĂ©sumĂ© n°6 PCSI Louis Lavelle, La conscience de soi, 1933. - RĂ©sumĂ© n°7 MP, PSI Norbert Elias, Du temps, 1984, tr. fr. MichĂšle Hulin, Fayard, p. 46-47. - RĂ©sumĂ© n°8 PCSI Mircea Eliade, Le SacrĂ© et le Profane, 1957, Ă©d. Gallimard, Folio essais, 2001, p. 63. Vous rĂ©sumerez le texte suivant en 100 mots + ou - 10% "Le passĂ© n'est plus, l'avenir n'est pas encore il n'y a que le prĂ©sent, qui est l'unique temps rĂ©el. Toutefois ce n'est pas ainsi que nous le vivons. Nous ne prenons conscience du temps, au contraire, que parce que nous nous souvenons du passĂ©, que parce que nous apprĂ©hendons, par l'esprit ou par nos horloges, ce qui les sĂ©pare
 Par nos horloges ? Mais ces aiguilles qui bougent, ce n'est qu'un morceau du prĂ©sent ce n'est pas du temps, disait Bergson, c'est de l'espace. Seul l'esprit, qui se souvient de leur position passĂ©e, qui anticipe leur position Ă  venir, peut y lire la durĂ©e. Supprime l'esprit, il ne resterait qu'un prĂ©sent sans passĂ© ni futur il ne resterait que la position actuelle des aiguilles, il ne resterait que l'espace. Mais l'esprit est lĂ  puisque la mĂ©moire est lĂ , puisque le corps est lĂ , qui se souvient du passĂ©, du prĂ©sent et mĂȘme vois nos rendez-vous, nos projets, nos promesses 
 de l'avenir. Ce n'est plus de l'espace, c'est de la durĂ©e. Ce n'est plus du mouvement, c'est de la conscience. Ce n'est plus de l'instant, c'est de l'intervalle. C'est pourquoi nous pouvons mesurer le temps essaie un peu de mesurer le prĂ©sent !, c'est pourquoi le temps, pour nous, s'oppose Ă  l'Ă©ternitĂ© qui serait un pur prĂ©sent, sans passĂ© ni futur, bref c'est pourquoi nous sommes dans le temps et pas seulement dans le prĂ©sent - Ă  moins que ce ne soit le temps, peut-ĂȘtre, qui soit en nous
 Pourquoi cette hĂ©sitation ? Parce que ce temps, que nous mesurons ou imaginons, est composĂ© surtout de passĂ© et d'avenir, lesquels n'ont d'existence que pour l'esprit comment savoir si ce n'est pas le cas, aussi, du temps lui-mĂȘme ? Cette question, qui est celle de l'objectivitĂ© ou de la subjectivitĂ© du temps, est philosophiquement importante. Le temps fait-il partie du monde, de la nature, de la rĂ©alitĂ© en soi ? Ou bien n'existe-t-il que pour nous, que pour notre conscience, que subjectivement ? On remarquera que les deux thĂšses, en toute rigueur, ne s'excluent pas. Il se pourrait que l'une et l'autre soient vraies, chacune de son point de vue, autrement dit qu'il y ait deux temps diffĂ©rents, ou deux façons diffĂ©rentes de penser le temps d'une part le temps objectif le temps du monde ou de la nature, qui n'est qu'un perpĂ©tuel maintenant, comme disait Hegel, comme tel toujours indivisible essaie un peu de diviser le prĂ©sent ! ; et d'autre part le temps de la conscience ou de l'Ăąme, qui n'est guĂšre que la somme - dans et pour l'esprit - d'un passĂ© et d'un avenir. On peut appeler le premier la durĂ©e, le second le temps. Mais Ă  condition de ne pas oublier qu'il s'agit en vĂ©ritĂ© d'une seule et mĂȘme chose, considĂ©rĂ©e de deux points de vue diffĂ©rents que le temps n'est que la mesure humaine de la durĂ©e. Pour dĂ©terminer la durĂ©e, Ă©crit Spinoza, nous la comparons Ă  la durĂ©e des choses qui ont un mouvement invariable et dĂ©terminĂ©, et cette comparaison s'appelle le temps. » Mais aucune comparaison ne fait un ĂȘtre. C'est ce qui interdit de confondre la durĂ©e et le temps, mais aussi de les distinguer absolument, comme s'ils existaient au mĂȘme titre. Ce n'est pas le cas. La durĂ©e fait partie du rĂ©el, ou plutĂŽt elle est le rĂ©el mĂȘme c'est la continuation indĂ©finie de son existence. Le temps, lui, n'est qu'un ĂȘtre de raison c'est notre façon de penser ou de mesurer l'indivisible et incommensurable durĂ©e de tout. La durĂ©e est de l'ĂȘtre ; le temps, en ce sens, du sujet. Ce dernier temps, le temps vĂ©cu, le temps subjectif qui seul permet de mesurer le temps objectif il n'y a d'horloge que pour une conscience, c'est ce que les philosophes du XXe siĂšcle appellent volontiers la temporalitĂ©. C'est une dimension de la conscience, plutĂŽt que du monde. Une distension de l'Ăąme, comme disait encore saint Augustin, plutĂŽt que de l'ĂȘtre. Une forme a priori de la sensibilitĂ©, comme dirait Kant, plutĂŽt qu'une rĂ©alitĂ© objective ou en soi. Une donnĂ©e du sujet, plutĂŽt que de l'objet. Mais que nous ne puissions expĂ©rimenter le temps qu'Ă  travers la subjectivitĂ©, ce qu'on peut accorder Ă  Kant ou Husserl, cela ne prouve pas qu'il s'y rĂ©duise, et mĂȘme, me semble-t-il, ce n'est pas vraisemblable. Car si le temps n'existait que pour nous, comment aurions-nous pu advenir dans le temps ? Quelle rĂ©alitĂ© accorder Ă  ces milliards d'annĂ©es qui ne se prĂ©sentent Ă  la conscience grĂące Ă  nos physiciens, gĂ©ologues et autres palĂ©ontologues que rĂ©trospectivement, comme le temps d'avant nous, le temps d'avant la conscience, qui dut d'autant plus la prĂ©cĂ©der qu'elle n'aurait pu, sans lui, Ă©merger ? Entre le big-bang et l'apparition de la vie, comment le temps, s'il n'existe que pour nous, faisait-il pour passer ? Et comment, s'il ne passait pas, la nature put-elle Ă©voluer, changer, crĂ©er ? Si le temps n'Ă©tait que subjectif, comment la subjectivitĂ© aurait-elle pu apparaĂźtre dans le temps ? ConsidĂ©rons un laps de temps quelconque, disons cette journĂ©e que nous vivons. Une partie est passĂ©e, une autre est Ă  venir... Quant au prĂ©sent qui les sĂ©pare, ce n'est qu'un instant sans durĂ©e s'il durait il serait composĂ© lui-mĂȘme de passĂ© et d'avenir, qui n'est pas du temps. Si nous vivons cela comme temps, c'est que notre conscience retient ce qui n'est plus, anticipe ce qui n'est pas encore, bref fait exister dans un mĂȘme prĂ©sent - le prĂ©sent vĂ©cu - ce qui ne saurait en rĂ©alitĂ©, exister ensemble. C'est en quoi, comme l'a bien vu Marcel Conche, la temporalitĂ© ne nous permet d'apprĂ©hender le temps que parce qu'elle est d'abord sa nĂ©gation l'homme rĂ©siste au temps puisqu'il se souvient, puisqu'il anticipe ; c'est pourquoi il en prend conscience. L'esprit toujours nie, et c'est l'esprit mĂȘme, qui est mĂ©moire, imagination, obstination, volontĂ©... Mais on ne rĂ©siste au temps que dans le temps. Mais la mĂ©moire, l'imagination, l'obstination ou la volontĂ© n'existent elles-mĂȘmes qu'au prĂ©sent. Mais l'esprit n'existe que dans le monde ou le corps, et c'est ce qu'on appelle exister. Comment pourrions-nous vaincre le temps, puisqu'on ne peut le combattre qu'Ă  la condition d'abord de lui appartenir ?" AndrĂ© Comte-Sponville, PrĂ©sentations de la philosophie, 2000, Albin Michel, p. 151-155. CorrigĂ© proposĂ© Si nous n'Ă©tions pas capable de nous souvenir du passĂ© et d'anticiper l'avenir, nous n'aurions pas / conscience d'un temps qui dure, car celui-ci se rĂ©duirait au seul instant prĂ©sent. Est-ce Ă  dire nĂ©anmoins / que le temps n'existe que dans notre esprit ? En vĂ©ritĂ©, il faut distinguer la durĂ©e, temps rĂ©el et objectif, et / le temps, qui est notre façon subjective de percevoir celui-ci. Certes, notre expĂ©rience du temps est essentiellement celle du / temps vĂ©cu, mais notre conscience du temps reste tributaire d'un temps du monde qui nous a prĂ©cĂ©dĂ©s et dont / nous restons prisonniers. 103 mots Retour en haut de page Vous rĂ©sumerez le texte suivant en 100 mots + ou - 10% "Dans notre monde flexible, fait de mouvement et d'incertitude, rien n'est plus acquis chacun doit, Ă  tout moment, pouvoir faire la preuve de sa mobilitĂ© et de son adaptabilitĂ© et les parcours individuels ressemblent souvent Ă  une course d'obstacles oĂč le prĂ©sent doit se conquĂ©rir sans rĂ©pit. La vision de l'avenir, longtemps articulĂ©e autour de la notion de progrĂšs s'est voilĂ©e du fait de l'incrĂ©dulitĂ© croissante Ă  l'Ă©gard de tous les fondements sur lesquels cette notion s'Ă©tait construite l'idĂ©e selon laquelle les dĂ©couvertes de la science, les inventions techniques et l'expansion de l'Ă©conomie suffiraient Ă  crĂ©er les conditions durables d'un bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ© a montrĂ© ses limites et chacun de ces fondements a dĂ©voilĂ© des aspects imprĂ©visibles ou inquiĂ©tants. SimultanĂ©ment, l'Ă©miettement des croyances idĂ©ologiques ou religieuses, liĂ© Ă  l'approfondissement de la dynamique individualiste, conduit Ă  l'abandon de l'idĂ©e d'une structuration du prĂ©sent par le passĂ© et Ă  l'Ă©clatement des visions d'un avenir communĂ©ment partagĂ©. Plus que la notion de progrĂšs, c'est celle des peurs et des risques partagĂ©s qui semble constituer maintenant le seul rĂ©fĂ©rent commun de notre sociĂ©tĂ©. Celle-ci apparaĂźt fragmentĂ©e » selon l'expression de Charles Taylor, dĂ©signant par lĂ  une sociĂ©tĂ© dans laquelle les membres Ă©prouvent de plus en plus de mal Ă  s'identifier Ă  leur collectivitĂ© politique en tant que communautĂ© [et oĂč] l'absence de perspectives partagĂ©es renvoie les gens Ă  eux-mĂȘmes »[1] et Ă  une expĂ©rience limitĂ©e au prĂ©sent et au futur immĂ©diat. Avec les nouvelles technologies de l'information, qui ont intĂ©grĂ© les pays et les individus dans des rĂ©seaux fonctionnels planĂ©taires, le rapport au temps s'est considĂ©rablement modifiĂ©. Dans la sociĂ©tĂ© en rĂ©seaux, le temps sĂ©quentiel, chronologique, irrĂ©versible, a cĂ©dĂ© la place Ă  un temps immatĂ©riel fondĂ© sur la technologie, un temps intemporel », arrimĂ© au seul prĂ©sent, affranchi de la durĂ©e et des rĂ©fĂ©rences aux catĂ©gories traditionnelles du passĂ© et du futur, avec les contraintes qui en dĂ©coulaient. L'Ă©mergence de l'urgence comme mode d'ĂȘtre du temps, la prĂ©valence de l'instant, l'empire de l'Ă©phĂ©mĂšre » qui impose la briĂšvetĂ© comme maniĂšre d'ĂȘtre des choses, des produits culturels et des idĂ©es, accompagnent ce bouleversement. En basculant dans le temps intemporel », qui abolit la durĂ©e et franchit l'espace en une fraction de seconde, l'individu contemporain vit dans une temporalitĂ© immĂ©diate. Il a le sentiment de frĂŽler l'Ă©ternitĂ© puisqu'il est dans un temps sans durĂ©e qui Ă©ternise le prĂ©sent. Dans son rapport Ă  l'Ă©ternitĂ©, lĂ  oĂč un Ă©crivain du dĂ©but du siĂšcle s'efforçait de ressusciter le temps en faisant revivre le passĂ©, l'individu contemporain s'efforce d'intensifier le prĂ©sent et de repousser les limites de la mort. Mais si l'instantanĂ©itĂ© lui donne le sentiment de pouvoir s'affranchir du temps, l'urgence incarne la rĂ©sistance du temps, elle est violence » du temps. L'urgence s'impose Ă  lui. L'instantanĂ©itĂ© lui est donnĂ©e. Dans les deux cas, l'individu s'efforce de nier le temps. Par l'urgence, en traitant le plus de choses possible dans le moins de temps possible, il veut triompher du temps. Par l'instantanĂ©itĂ©, il pense abolir le temps. S'il advient que l'urgence le submerge et l'emprisonne dans un rythme infernal, il se retrouve engluĂ© dans le temps, vaincu par le temps. L'instantanĂ©itĂ©, quant Ă  elle, le dispense d'un combat mais peut, selon les cas, le libĂ©rer du temps ou l'arrimer Ă  l'immĂ©diat. L'urgence, cependant, peut aussi ĂȘtre libĂ©ratrice dans la mesure oĂč elle fait vivre l'instant intensĂ©ment et nous dĂ©douane brutalement de l'Ă©paisseur du temps, souvent dictĂ©e par les outils ou les mĂ©thodes de dĂ©cision et de rĂ©flexion. L'Ă©tat d'urgence peut alors ĂȘtre vĂ©cu comme une sorte d'Ă©tat de crise temporaire dans lequel tout est possible, oĂč l'on peut se nourrir de cet instant de libertĂ© pour envisager des solutions nouvelles et une rĂ©orientation de son action. L'urgence devient alors le prĂ©texte Ă  la crĂ©ativitĂ© et Ă  la spontanĂ©itĂ©, prĂ©texte Ă  l'imagination et l'improvisation. Si c'est urgent, alors tout est possible. L'urgence n'est donc pas seulement un temps plein, court, saturĂ© d'angoisses et de limites, elle est aussi un vide, un temps ou les repĂšres traditionnels sont chancelants, un temps oĂč les individus inventent en mĂȘme temps qu'ils s'inventent. Lorsque le temps de la dĂ©cision et de l'action se contracte, l'accĂšs Ă  l'intuition est facilitĂ©, la nĂ©cessitĂ© d'une convergence entre la composition et la rĂ©alisation se fait plus pressante. L'urgence n'est dĂšs lors plus vĂ©cue comme une contrainte, mais comme une opportunitĂ©. Elle permet la flexibilitĂ© de la pensĂ©e et non sa rigiditĂ©. À ce moment prĂ©cis, l'homme retrouve dans l'instant sa propre temporalitĂ© et sa propre identitĂ©. Il renoue avec son intuition et ses savoirs tacites. Il peut envisager de transcender des limites que l'Ă©paisseur du temps lui impose circuit de dĂ©cision, rationalisation et justification des dĂ©cisions et de l'action. ConfrontĂ©s Ă  la logique du gain et de la vitesse qui est celle de la connexion, de la mise en synchronie et de l'urgence, deux types d'individus Ă©mergent aux deux extrĂȘmes de cette logique. D'un cĂŽtĂ©, l'individu adaptĂ©, multibras, multiprise » qui jouit de l'accĂ©lĂ©ration, bondit d'un sujet Ă  l'autre et jette un Ɠil fĂ©brile sur un flash d'infos en sentant vibrer son tĂ©lĂ©phone portable, de l'autre, l'individu pulvĂ©risĂ© par la vitesse d'une sociĂ©tĂ© qui l'Ă©crase parce qu'il ne peut plus y inscrire le moindre projet. Mais une autre logique existe, qui vise Ă  ne pas se laisser dĂ©possĂ©der de sa propre temporalitĂ© et de ses propres rythmes et qui rĂ©introduit l'Ă©paisseur du temps de la maturation, de la rĂ©flexion et de la mĂ©ditation lĂ  oĂč le heurt de l'immĂ©diat et de l'urgence oblige Ă  rĂ©agir trop souvent sous le mode de l'impulsion »[2]. C'est dans la tension nĂ©cessaire entre ces deux logiques d'action, dans ce dialogue obligĂ© entre, d'un cĂŽtĂ© une contrainte d'urgence et d'immĂ©diatetĂ© qui hache et pulvĂ©rise le temps dans un contexte de sacralisation du prĂ©sent, de l'autre une tentative de reconquĂȘte de soi dans une continuitĂ© s'inscrivant dans un ordre de rĂ©fĂ©rence porteur de sens, que l'individu hypermoderne peut essayer de dĂ©finir un nouveau rapport au temps et tenter d'unifier une identitĂ© fragmentĂ©e." Nicole Aubert, Le culte de l'urgence. La sociĂ©tĂ© malade du temps, 2003, Champs essais, 2009, p. 339-342. [1] Charles Taylor, Le Malaise de la ModernitĂ©, Éditions du Cerf, Paris, 1994, p. 123. [2] Francis JaurĂ©guiberry, Les branchĂ©s du portable. Sociologie des usages, Paris, PUF, 2003. CorrigĂ© proposĂ© PremiĂšre version qui, avant de compter les mots, dĂ©passait la limite impartie 117 mots Face Ă  un monde en perpĂ©tuel changement, coupĂ©s du passĂ© et sans vision commune de l'avenir, les individus doivent / aujourd'hui constamment s'adapter. Par ailleurs, les nouvelles technologies ont elles aussi profondĂ©ment transformĂ© notre relation au temps nous avons / dĂ©sormais affaire Ă  un temps sans durĂ©e, oĂč seul subsiste un Ă©ternel prĂ©sent. Ce temps est un temps de l'/ urgence et de l'instantanĂ©itĂ©, qui peuvent ĂȘtre vĂ©cues soit comme des contraintes, soit comme des moyens d'exercer notre / libertĂ©. Ainsi, certains s'adaptent Ă  l'accĂ©lĂ©ration du temps et en jouissent, tandis que d'autres sont Ă©crasĂ©s par / elle. Une troisiĂšme voie est toutefois possible on peut retrouver le temps pour se retrouver soi-mĂȘme. DeuxiĂšme version ajustĂ©e Face Ă  un monde qui change constamment, les individus, coupĂ©s du passĂ© et sans vision commune de l'avenir, doivent / impĂ©rativement s'adapter. Les nouvelles technologies ont aussi profondĂ©ment transformĂ© notre relation au temps nous avons dĂ©sormais affaire Ă  un / temps sans durĂ©e, ramenĂ© Ă  un Ă©ternel prĂ©sent. Ce temps est celui de l'urgence et de l'instantanĂ©itĂ©, qui / peuvent ĂȘtre vĂ©cues soit comme des contraintes, soit comme des moyens d'exercer notre libertĂ©. Ainsi, certains s'adaptent Ă  / l'accĂ©lĂ©ration du temps et en jouissent, tandis que d'autres sont Ă©crasĂ©s par elle. Une troisiĂšme voie est toutefois / possible retrouver le temps pour se retrouver soi-mĂȘme. 109 mots Retour en haut de page - Vous rĂ©sumerez le texte suivant en 100 mots ± 10% "Alors que nous pouvons mesurer objectivement le temps Ă  l'aide d'une pendule, l'expĂ©rience du temps, sa durĂ©e intĂ©rieure », est un phĂ©nomĂšne subjectif et insaisissable. Une demi-heure peut ĂȘtre incroyablement courte ou atrocement longue, selon les circonstances et les activitĂ©s dans lesquelles nous sommes engagĂ©s. Cependant, les recherches empiriques ont vraiment fourni quelques rĂ©sultats tout Ă  fait cohĂ©rents et surprenants au sujet de notre expĂ©rience intĂ©rieure du temps. Nous pouvons ainsi vĂ©rifier aisĂ©ment Ă  partir de notre propre expĂ©rience et de notre propre mĂ©moire le phĂ©nomĂšne appelĂ© paradoxe subjectif du temps ». Il signifie que le temps de l'expĂ©rience et le temps du souvenir ont des qualitĂ©s inverses si vous faites quelque chose qui vous plaĂźt vraiment, et que vous en ressentez beaucoup d'impressions fraĂźches, intenses et stimulantes, le temps s'Ă©coule normalement trĂšs vite. Mais lorsqu'Ă  la fin de la journĂ©e vous vous retournez, vous avez inĂ©vitablement le sentiment que la journĂ©e a Ă©tĂ© extrĂȘmement longue. Pensez, par exemple, Ă  un voyage de vacances entre, disons, Stockholm et la CĂŽte d'Azur. Vous vous levez tĂŽt le matin pour prendre un ferry puis un avion pour Munich, faites un petit tour en ville, passez quelque temps dans les Alpes et, le soir venu, vous ĂȘtes assis dans un joli cafĂ© au bord de la mer MĂ©diterranĂ©e. Lorsque vous vous couchez le soir, vous pouvez penser qu'en fait vous avez commencĂ© votre voyage, Ă  Stockholm, il y a deux ou trois jours. Ainsi, un temps passant rapidement un temps bref dans l'expĂ©rience vĂ©cue, se transforme en un temps Ă©tendu un temps long dans la mĂ©moire. Mais l'inverse est Ă©galement vrai. Pensez Ă  une journĂ©e que vous passez Ă  vous ennuyer Ă  attendre pendant des heures Ă  la gare et dans un travail de bureau quelconque, et peut-ĂȘtre avec du temps supplĂ©mentaire passĂ© Ă  attendre dans un embouteillage. Pendant que vous attendez, bien sĂ»r, le temps semble s'Ă©tirer miraculeusement vous avez l'impression d'attendre assis pendant des heures alors qu'en fait la pendule montre que dix minutes seulement sont passĂ©es. Le temps avance lentement. Lorsque vous allez au lit Ă  la fin d'une telle journĂ©e, vous avez cependant l'impression que vous venez de vous lever de façon miraculeuse, on dirait que la journĂ©e s'est Ă©coulĂ©e comme si rien ne s'Ă©tait passĂ© ». Le temps lent et long de l'expĂ©rience se transforme en un temps bref dans la mĂ©moire. Jusqu'ici tout va bien, ce n'est ni nouveau ni particuliĂšrement rĂ©voltant. Mais c'est ici que les choses deviennent passionnantes dans notre monde de la modernitĂ© tardive, il semble que ces formes d'expĂ©rience classiques » du temps, long/bref ou bref/long, sont progressivement remplacĂ©es par une nouvelle forme d'expĂ©rience du temps qui, de façon intĂ©ressante, suit un motif bref/bref » pensez Ă  ce qui se passe lorsque vous rentrez chez vous et que vous dĂ©cidez de zapper vite fait » en parcourant les programmes tĂ©lĂ©. Vous pouvez trĂšs facilement en arriver Ă  zapper et Ă  regarder des bouts de programmes pendant des heures, ou bien rester sur un thriller particuliĂšrement passionnant, et le temps s'Ă©coule de maniĂšre imperceptible et trĂšs rapidement, comme pendant le voyage. Et, comme pendant le voyage, vous recevez beaucoup de stimulations et votre cƓur peut se mettre Ă  battre trĂšs fort lorsque le tueur se cache au coin de la rue. Cependant, dĂšs que vous Ă©teignez le tĂ©lĂ©viseur, le temps ne commence pas Ă  s'Ă©tendre comme il le faisait aprĂšs le voyage, au lieu de cela il se rĂ©duit Ă  presque rien. Lorsque vous vous couchez ce soir-lĂ , la pĂ©riode passĂ©e Ă  regarder la tĂ©lĂ©vision s'Ă©vapore, comme dans l'expĂ©rience du temps long/bref ; si vous avez passĂ© la majeure partie de la journĂ©e Ă  regarder la tĂ©lĂ©, vous avez l'impression que vous venez de vous lever. Ce qui Ă©merge est donc un motif bref/bref le temps vĂ©cu passe vite mais il rĂ©trĂ©cit dans la mĂ©moire. ” Cela dit, si cela se passait uniquement avec la tĂ©lĂ©vision, cela n'aurait rien de particulier. Nous savons dĂ©jĂ  que l'Ă©cran de tĂ©lĂ© nous fait subir des choses Ă©tranges. Je soutiens cependant que le motif bref/bref est bien plus rĂ©pandu que cela dans notre monde vĂ©cu de la modernitĂ© tardive. Une expĂ©rience identique se produit lorsqu'on surfe sur Internet, ou lorsqu'on joue Ă  certains types de jeux vidĂ©o. ConsidĂ©rons un instant quelles raisons nous pourrions dĂ©couvrir Ă  cette inversion expĂ©rientielle du temps. La diffĂ©rence entre la tĂ©lĂ©vision et le voyage est Ă  mon sens de deux sortes premiĂšrement, le voyage implique tous nos sens, c'est une expĂ©rience corporelle dans tous ses aspects. En revanche, regarder la tĂ©lĂ© est une expĂ©rience dĂ©sensualisĂ©e » nous bougeons Ă  peine la tĂȘte, tous les Ă©lĂ©ments arrivent Ă  nos yeux selon une perspective trĂšs limitĂ©e, et il n'y a aucune perception par notre peau, notre nez, etc. DeuxiĂšmement, l'histoire ou les histoires dans lesquelles nous sommes immergĂ©s lorsque nous regardons la tĂ©lĂ© ou lorsque nous jouons Ă  un jeu vidĂ©o sont dĂ©contextualisĂ©es elles n'ont rien Ă  voir avec ce que nous sommes et avec qui nous sommes, avec ce que nous ressentons et avec le reste de notre vie. Elles ne rĂ©pondent » pas de façon significative Ă  nos expĂ©riences ou Ă  nos Ă©tats intĂ©rieurs. Ainsi, durant ces activitĂ©s, nous assimilons des Ă©pisodes isolĂ©s » d'action ou d'expĂ©rience. Ces Ă©pisodes ne laissent pas de traces mĂ©morielles » dans nos cerveaux comme ils ne sont pas globalement pertinents pour nos vies ou nos identitĂ©s, et comme ils ne s'ajoutent pas Ă  nos expĂ©riences passĂ©es, nous avons tendance Ă  les oublier tout de suite et nous pouvons nous permettre de le faire. Cette tendance Ă  l'effacement ou au refus du stockage des traces mĂ©morielles est, en fait, fort utile dans une sociĂ©tĂ© de l'accĂ©lĂ©ration oĂč l'expĂ©rience est la plupart du temps anachronique et inutile et oĂč l'on doit toujours se tenir prĂȘt pour ce qui est nouveau et imprĂ©vu. Mais il semble que ce soit la prĂ©sence ou l'absence de traces mĂ©morielles profondes qui dĂ©termine si le temps est perçu, avec le recul, comme Ă©tant bref ou long. Si ce qui prĂ©cĂšde est vrai et pertinent, alors nous avons de bonnes raisons de diagnostiquer une tendance gĂ©nĂ©rale vers un motif bref/bref de l'expĂ©rience temporelle moderne tardive." Hartmut Rosa, AliĂ©nation et accĂ©lĂ©ration. Vers une thĂ©orie critique de la modernitĂ©, 2010, tr. fr. Thomas Chaumont, La DĂ©couverte, 2012, p. 127-130. CorrigĂ©s proposĂ©s Bien que fondamentalement subjective, l'expĂ©rience du temps peut donner lieu Ă  des expĂ©riences communes, comme celle du "paradoxe subjectif / du temps", qui inverse la durĂ©e de l'expĂ©rience et la durĂ©e du souvenir. C'est ainsi qu'une expĂ©rience / sensorielle riche, et nous impliquant personnellement, passera vite tout en paraissant longue dans notre mĂ©moire, car y laissant plus de / traces, tandis qu'une expĂ©rience qui nous a semblĂ© longue est rĂ©trĂ©cie dans notre souvenir. Or, aujourd'hui, on assiste avec / la tĂ©lĂ©vision et plus gĂ©nĂ©ralement les nouvelles technologies, Ă  un phĂ©nomĂšne nouveau, propre Ă  la "modernitĂ© tardive" la briĂšvetĂ© / de l'expĂ©rience du temps Ă©gale la briĂšvetĂ© du temps mĂ©moriel. 110 mots MalgrĂ© l'expĂ©rience subjective que nous avons du temps, nous connaissons tous l'inversion de la durĂ©e de l'expĂ©rience / vĂ©cue et de celle du souvenir, caractĂ©ristique du "paradoxe subjectif du temps". En effet, une expĂ©rience sensoriellement stimulante, et oĂč / nous sommes personnellement impliquĂ©s, passe vite mais laisse plus de traces dans notre mĂ©moire, si bien qu'elle nous semble / rĂ©trospectivement plus longue, alors qu'une expĂ©rience qui nous a semblĂ© longue se rĂ©trĂ©cit dans notre souvenir. Cependant, on assiste / aujourd'hui, avec l'avĂšnement des nouvelles technologies, Ă  un phĂ©nomĂšne nouveau, propre Ă  la "modernitĂ© tardive" Ă  l'expĂ©rience brĂšve / du temps correspond dĂ©sormais un souvenir tout aussi bref. 109 mots Retour en haut de page Vous rĂ©sumerez le texte suivant en 120 mots ± 10 % "Le devenir est Ă  la fois une marche Ă  la mort et un progrĂšs crĂ©ateur. En tant que le devenir aboutit finalement au non-ĂȘtre, chaque annĂ©e et chaque jour et chaque heure me rapprochent de ce terme fatal ; oui, en tant que le devenir est mortification, chaque minute nous achemine vers le nĂ©ant. Baudelaire, Ă©coutant le tic-tac de l'horloge, Ă©pie dans l'angoisse l'usure inexorable des possibles et compte les minutes qui le sĂ©parent de la mort ; la marge de notre avenir et de notre espĂ©rance l'amenuise, grignotĂ©e par l'insecte du temps. Et de fait, quel que soit le moment considĂ©rĂ©, nous n'avons jamais Ă©tĂ© plus prĂšs de la mort ! Ce qui est vĂ©cu n'est plus Ă  vivre, ce qui est perdu est autant de perdu
 Un jour de plus – un jour de moins tel est le bilan journalier ! Dans ces conditions l'irrĂ©versible sans nulle palinodie et sans mĂȘme le plus lĂ©ger ralentissement assure l'implacable rĂ©gularitĂ© de la dĂ©perdition. Impossible de freiner le gaspillage des minutes, d'arrĂȘter la dilapidation, de fermer le robinet de la clepsydre. La phobie du mouvement et la phobie du devenir et du vieillir sont parfois solidaires, et il n'y a rien lĂ  d'Ă©tonnant puisque l'idĂ©e d'un devenir sujet Ă  l'usure et composĂ© d'instants en nombre fini est elle-mĂȘme une image spatiale ; aussi les sages nous disent-ils surtout ne bougez pas, et ne remuez mĂȘme pas le petit doigt ; l'homme qui Ă©coute ces recommandations n'ose plus se mouvoir ni mĂȘme vouloir, ni sortir, ni faire un pas ; il se roule en boule ; il se terre frileusement dans son trou il aurait bien trop peur de prĂ©cipiter son irrĂ©versible destin. Le poĂšte de l'Horloge est aussi celui des Hiboux ; l'immobilitĂ© hiĂ©ratique de l'oiseau nocturne nous met en garde contre le tumulte et contre le chĂątiment promis Ă  ceux qui ont voulu changer de place »[1]. En condamnant les agitations sĂ©culiĂšres et le mouvement, les contemplatifs n'ont-ils pas voulu soustraire l'homme affairĂ© Ă  la fuite irrĂ©versible des jours ? Or la fuite d'un passĂ© irrĂ©versible derriĂšre nous ne nous inspire le regret poignant que si la mort est, au-devant de nous, le seul avenir du devenir ; l'impossibilitĂ© de retenir cette fuite nous dĂ©sespĂšre prĂ©cisĂ©ment parce que les ressources du temps vital nous paraissent finies, parce que les instants sont comptĂ©s et parce que le temps consommĂ©, selon toute apparence, ne nous sera plus remplacĂ©. Mais si le devenir est envisagĂ© comme un progrĂšs crĂ©ateur, et abstraction faite de la mort, les instants rĂ©volus ne sont plus tellement prĂ©cieux. Bien au contraire ! Non seulement le temps Ă  vivre compensera aisĂ©ment le temps vĂ©cu, mais en outre le fait de revenir en arriĂšre, s'il Ă©tait possible, ne consisterait qu'Ă  reperdre le terrain gagnĂ© ; le retour serait tout simplement l'annulation de l'aller, le progrĂšs rĂ©duit Ă  zĂ©ro. Heureusement l'irrĂ©versible ne nous laisse pas le choix le sens unique, c'est le progrĂšs obligatoire. Le dĂ©sespoir que nous inspire un passĂ© irrĂ©versible s'adoucit dans la calme lumiĂšre de la remĂ©moration et de la nostalgie ; la nostalgie en effet n'est pas seulement algie, elle nous parle aussi de nostos, elle nous laisse entrevoir le retour ; le nom de la souffrance implique celui de la cure. Et d'ailleurs la douleur elle-mĂȘme, qui est le mal, n'annonce-t-elle pas une guĂ©rison possible ? Que l'irrĂ©versible ne soit pas nĂ©cessairement liĂ© au regret et qu'il puisse nous inspirer la joie d'un continuel renouvellement – c'est ce dont tĂ©moignerait le bergsonisme. Bergson, dans l'Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la consciente, dĂ©crit assurĂ©ment un devenir irrĂ©versible oĂč aucun Ă©vĂ©nement ne se rĂ©pĂšte, et pourtant il demeure en gĂ©nĂ©ral Ă©loignĂ© de toute nostalgie poignante, de toute mĂ©lancolie passĂ©iste. Bien que l'Essai date de la fin du siĂšcle, c'est-Ă -dire d'une Ă©poque particuliĂšrement nostalgique, Bergson ne dit jamais le moment oĂč je parle est dĂ©jĂ  loin de moi ; l'impossibilitĂ© de revivre ce que jamais on ne verra deux fois » ne lui inspire aucun dĂ©sespoir. MatiĂšre et mĂ©moire souligne sans cesse la diaphora qualitative qui diffĂ©rencie passĂ© et prĂ©sent, souvenir et perception, mais il passe pudiquement sur l'irrĂ©parable et sur le dĂ©jĂ -plus. C'est Verlaine qui est inconsolable, et non pas Bergson. C'est pour HĂ©raclite, non pour Bergson, que le devenir est une fuite, un flux insaisissable, et qu'il glisse entre nos doigts ! La durĂ©e » bergsonienne est au contraire consistante et fidĂšle le mot mĂȘme de durĂ©e que Bergson prĂ©fĂšre Ă  Devenir, ne met-il pas l'accent sur la pĂ©rennitĂ© et la stabilitĂ©, sur la constance et la rĂ©sistance Ă  la dissolution ? Le parfum d'une rose, grĂące Ă  la mĂ©moire, est un passĂ© encore prĂ©sent. Bien mieux dans MatiĂšre et mĂ©moire la perception, pĂ©trie de souvenirs, est essentiellement tournĂ©e vers le modelage du rĂ©el et de l'Ă©dification du futur, c'est-Ă -dire vers l'action et la lutte pour l'existence ; si la durĂ©e n'est pas thĂ©saurisation, ni mĂȘme Ă  proprement parler enrichissement, elle est pourtant crĂ©atrice. La langueur verlainienne, le passĂ©isme de Proust n'effleurent guĂšre le philosophe de la libertĂ©... Deux spectres ont Ă©voquĂ© le passĂ©. » Le languide qui refuse l'irrĂ©versible et qui est pourtant traĂźnĂ© vers l'avant, ce languide est un spectre au royaume des spectres. Mais les leçons de l'expĂ©rience et les projets de l'espĂ©rance prennent le pas, chez Bergson, sur le charme navrant des choses en-allĂ©es » le regret stĂ©rile, la rĂ©trospectivitĂ© retardatrice qui fascinaient les nostalgiques sont refoulĂ©s par un activisme attentif au prĂ©sent. On ne s'Ă©tonnera donc pas que Bergson Ă©carte de son horizon la barriĂšre de la mort. Sans la mort le regret de ce que jamais on ne verra deux fois, le regret des jours anciens qui plus jamais ne seront, le regret des occasions perdues ne seraient pas si amers ; sans la mort l'occasion manquĂ©e n'apparaĂźtrait pas aprĂšs coup si exceptionnellement prĂ©cieuse, et le regret de l'avoir laissĂ©e se perdre n'aurait en gĂ©nĂ©ral aucun sens pathĂ©tique. Car c'est la finitude de la carriĂšre vitale qui rend tellement irrĂ©mĂ©diables et incompensables le gaspillage des opportunitĂ©s et la fuite des instants bĂ©nis notre fidĂ©litĂ© posthume Ă  un passĂ© semelfactif, notre attachement maladif Ă  la rencontre manquĂ©e s'expliquent ainsi par le fait que la succession des fois » primultimes ne se renouvellera pas indĂ©finiment; ce qui est perdu ne sera pas retrouvĂ©... À l'arriĂšre-plan du Lac de Lamartine, de l'Horloge de Baudelaire et du Colloque sentimental de Verlaine n'y a-t-il pas, en dĂ©finitive, le tragique de la mort ? Le languide entraĂźnĂ© Ă  contrecoeur par le devenir ne cesse de loucher vers le souvenir ; mais le futuriste, consentant de bonne grĂące au devenir, assimile le souvenir en vue de l'avenir. S'ouvrir au futur que la futurition nous rĂ©serve, ce n'est donc pas forcĂ©ment oublier le passĂ© que la prĂ©tĂ©rition nous conserve. Si la libertĂ© crĂ©atrice est vraiment tournĂ©e vers l'avant et ouverte sur la futurition aventuriĂšre, alors il nous faut dire oui, l'irrĂ©versible va bien dans le mĂȘme sens que la libertĂ© crĂ©atrice ! Certes le mot irrĂ©versible n'indique pas par lui-mĂȘme que le devenir marche vers un but prĂ©cis dont le nom serait Futur il indique seulement que ce sens ne peut ĂȘtre renversĂ©, fĂ»t-ce un instant ; et cette impossibilitĂ© exprime notre servitude plutĂŽt qu'elle n'affirme notre libertĂ©. Mais l'irrĂ©parabilitĂ© du passĂ© n'est-elle pas l'organe-obstacle d'une libre futurition ? Le devenir est une sorte d'improvisation aveugle et qui ne cesse de progresser malgrĂ© des pĂ©riodes de piĂ©tinement et d'apparent recul. Et d'autre part ce sens unique du devenir, Ă©tant non pas accidentel ni susceptible de rebroussements, de dĂ©viations ou de zigzags capricieux, mais constamment tournĂ© vers la nouveautĂ© et l'actualisation des possibles, mĂ©rite de s'appeler futurition." Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, L'irrĂ©versible et la nostalgie, 1974, Flammarion, Champs essais, 2011, p. 230-234. [1] Cf. La BeautĂ©. CorrigĂ© proposĂ© Nous nous acheminons irrĂ©mĂ©diablement vers la mort, terme de notre vie. Le temps qui nous sĂ©pare de ce terme Ă©tant / fini, chaque jour nous est comptĂ©. Cela a pu conduire certains Ă  prĂŽner l'immobilitĂ©, dans le but illusoire d'/ annuler le devenir. Cependant, on peut aussi voir le devenir comme un progrĂšs crĂ©ateur. DĂšs lors, il n'y a / nulle angoisse ni nostalgie Ă  avoir, car l'avenir est toujours devant nous. C'est ce dont tĂ©moigne Bergson, dont / la durĂ©e est conçue comme crĂ©atrice. Faisant fi de la mort qui s'avance, il s'agit donc non pas / de s'enfermer dans le souvenir, mais de se servir de celui-ci pour s'ouvrir au futur, et par lĂ  / de rĂ©aliser sa libertĂ©. 124 mots Retour en haut de page RĂ©sumer en 200 mots le texte suivant. Un Ă©cart de 10% en plus ou en moins sera acceptĂ©. Distinguer chaque tranche de 50 mots par une barre verticale bien nette et indiquer le total exact Ă  la fin du rĂ©sumĂ©. "L'instant du choix, qui est celui de l'actualisation, rapproche l'un de l'autre jusqu'Ă  les faire coĂŻncider le regret et l'espoir l'intervalle compris entre le futur prochain et le passĂ© immĂ©diat est devenu si bref que la volontĂ© Ă©prouve presque simultanĂ©ment la joie de son emprise crĂ©atrice sur l'avenir et l'amertume des possibles dĂ©florĂ©s ; non, il n'y a presque plus Ă  attendre pour que l'avenir de notre libertĂ© cesse d'ĂȘtre Ă  venir » et devienne chose advenue et rĂ©volue ! Dans le prĂ©sent indivis du choix le futur est en instance de passĂ©isation », sur le point de ou mĂȘme en train de se dĂ©poser ; la prĂ©tĂ©rition Ă  partir d'ici n'est plus que le verso de la futurition. Le prĂ©sent de la dĂ©cision est donc en quelque sorte le seuil ou, si l'on prĂ©fĂšre, la charniĂšre de l'espoir et du regret dans l'ambivalence du mĂȘme sentiment coĂŻncident un regret encore gonflĂ© d'espoir et un espoir dĂ©jĂ  lestĂ© de lourds regrets. À espĂ©rance infinie, regret infini ! Le regret du passĂ© en gĂ©nĂ©ral et l'espoir de la possibilitĂ© inĂ©puisablement renaissante en gĂ©nĂ©ral ne sont pas des sentiments empiriques et partitifs, des sentiments psychologiques qui se neutraliseraient l'un l'autre comme se neutralisent le moins et le plus dans telles ou telles circonstances particuliĂšres, et quand les raisons d'espĂ©rer et les raisons de regretter sont comparables, il y a matiĂšre Ă  dĂ©libĂ©ration et Ă  supputation ; si les raisons inverses sont Ă©quipollentes[1] de part et d'autre, la volontĂ© hĂ©sitante devrait en thĂ©orie demeurer au zĂ©ro d'indiffĂ©rence ; et s'il y a diffĂ©rence, une volontĂ© raisonnable devrait logiquement incliner soit dans un sens soit dans l'autre, sa prĂ©fĂ©rence Ă©tant la rĂ©sultante de deux motivations inĂ©gales. Mais le regret infini d'un passĂ© plus profond que la mer et l'espoir infini d'un futur plus vaste que le ciel sont des sentiments incomparables et incommensurables ; l'alternative de deux infinis ne saurait ĂȘtre rĂ©solue par un choix prĂ©fĂ©rentiel on la tranche aveuglĂ©ment ou, comme nous nous sommes habituĂ©s Ă  le dire gordiennement », en vertu d'une option arbitraire qui est plutĂŽt de la nature du pari. Et d'autre part les deux sentiments » mĂ©tempiriques[2] ne se mĂ©langent pas l'un avec l'autre dans une combinaison stable et dosĂ©e dĂ©finitivement, ni ne forment un complexe oĂč les raisons de dĂ©sespĂ©rer viendraient en dĂ©duction des motifs d'espoir ; non ! il faudrait dire bien plutĂŽt la conscience oscille sans cesse entre l'irrĂ©mĂ©diable passĂ©itĂ© du passĂ© et l'inĂ©puisable futuritĂ© de l'avenir ; entre un passĂ© infini qui est le dĂ©positoire des choses devenues, advenues ou rĂ©volues, et un futur infini qui Ă  perte de vue garde en rĂ©serve au-devant de nous ses possibles continuellement renouvelĂ©s. Cette alternance n'est-elle pas la vibration fondamentale du temps vĂ©cu ? La dissymĂ©trie du regret et de l'espoir exprime sous une autre forme la nature essentiellement impaire de l'irrĂ©versible on reconnaĂźt donc en elle le pouvoir Ă  sens unique qui caractĂ©rise la demi-libertĂ© de l'ĂȘtre intermĂ©diaire. Le regret est le sentiment spĂ©cifique exhalĂ© par l'irrĂ©versible ; mais l'irrĂ©versible, indirectement, se lit aussi dans l'espoir l'homme dĂ©solĂ© par la prĂ©tĂ©rition qui passĂ©ise » ses projets se console en formant d'autres projets ; l'homme vieillissant se rĂ©fugie dans les chimĂšres du futur ; l'homme déçu spĂ©cule sur un avenir meilleur c'est ainsi que le repentir, dĂ©jĂ  tournĂ© vers les Ɠuvres et les devoirs du lendemain, offre une Ă©vasion au passĂ©isme accablant du remords. Une autre fois nous ferons mieux ! La volontĂ© s'engage ainsi dans la seule issue que lui laisse son destin, et qui est la carriĂšre de la libertĂ©. La marche en avant, c'est-Ă -dire la futurition est pour les hommes le sens unique et obligatoire – mais dans cette direction imposĂ©e tout est possible ; la retraite Ă©tant coupĂ©e, une seule voie nous demeure ouverte, qui est la voie du futur. La futurition n'est pas une fuite en arriĂšre puisque le retour est impossible, mais paradoxalement une fuite en avant ! une fuite vers l'horizon infiniment lointain. L'espoir exprime donc bien, Ă  sa maniĂšre elpidienne[3] et progressiste, la misĂšre de l'irrĂ©versible. On peut comprendre pourquoi l'espoir est moins pathique que le regret, moins intensĂ©ment imprĂ©gnĂ© par la saveur de la qualitĂ© et de l'affectivitĂ© vĂ©cues. Mouvement simple et direct, et dĂ©barrassĂ© du souci de la rĂ©version, l'espoir n'a guĂšre le loisir de ressentir ce qu'il sent, ni de ressentir ce qu'il ressent. Ce n'est pas l'espoir, c'est le regret qui s'attarde dans les ruminations mĂ©lancoliques de la conscience-de-soi ; ce n'est pas l'espoir, c'est le regret qui suppose [
] l'impuissance, l'ambivalence et la lenteur ; c'est dans le regret que se dĂ©veloppe le parfum des choses rĂ©volues. L'espoir, lui, a autre chose Ă  faire qu'Ă  respirer ce parfum des souvenirs poĂ©tiques et d'un passĂ© impuissant ! Et d'abord, l'espoir a justement quelque chose Ă  faire ». Ses devoirs envers l'idĂ©al l'empĂȘchent de rĂȘver sur le passĂ©, d'Ă©piloguer Ă  son propos. – Et pourtant il nous faut redire des rapports de l'espoir et du vƓu ce que nous disions des rapports entre l'espoir et le regret. L'espoir est intermĂ©diaire entre le regret et le vƓu d'une part, la volontĂ© d'autre part ; il est toutefois plus difficile Ă  distinguer du vƓu et de la volontĂ©, en tant qu'il regarde comme eux vers le futur ; car il y a trois maniĂšres d'en user avec le futur le vouloir, l'espĂ©rer ou le souhaiter. L'espoir s'oppose doublement au regret, qui est impuissant et regarde vers le passĂ©, mais il se distingue aussi du vƓu par la ferveur et le sĂ©rieux de son engagement. EspĂ©rer, c'est prendre position, et parfois mĂȘme prendre parti l'espĂ©rance joue que telle ou telle cause, dont elle se proclame solidaire, l'emportera ; elle en fait profession et ne craint pas de se compromettre ; elle a pariĂ© pour la victoire et organisĂ© tout son avenir en fonction de cette Ă©ventualitĂ© ; elle fait dĂ©pendre sa destinĂ©e tout entiĂšre du combat qui se livre, sa destinĂ©e est l'enjeu suspendu Ă  l'issue de ce combat. Plus prĂ©cisĂ©ment encore l'espĂ©rance est moins militante que la volontĂ©, mais elle est moins platonique que le vƓu. D'une part l'espĂ©rance, si elle accompagne l'activitĂ© des autres, n'est pas elle-mĂȘme cette activitĂ© ; elle n'en est que la doublure idĂ©elle ; aussi est-elle, comme tout sentiment, impuissante et dĂ©risoirement inefficace ; espĂ©rer, ce n'est pas faire, et pas plus que crier haut les cƓurs ! » aux combattants ce n'est combattre soi-mĂȘme. L'espĂ©rance n'implique pas nĂ©cessairement le faire » encore qu'elle n'exclue pas physiquement le pouvoir-faire. Et c'est mĂȘme ce que les militants de l'armĂ©e active reprochent Ă  l'armĂ©e inactive de l'espĂ©rance ils reprochent aux hommes de l'espoir de laisser en jachĂšre leur pouvoir ; ils leur disent Venez avec nous ! Faites comme nous ! Aidez-nous ! On peut espĂ©rer sans faire, et rĂ©ciproquement on peut faire sans espĂ©rer... Non ! il n'est pas nĂ©cessaire d'espĂ©rer pour entreprendre. C'est ce dont tĂ©moigne le combat parfois dĂ©sespĂ©rĂ© des RĂ©sistants, CavaillĂšs, Cuzin, Jacques Decour... ceux qui n'avaient mĂȘme pas le loisir de ressentir leurs propres sentiments luttaient souvent sans espoir, soutenus par le seul acharnement de leur Ă©nergie et de leur volontĂ©. - Mais si l'espĂ©rance est relativement impuissante par rapport au militantisme de l'action, elle est relativement militante par rapport au dĂ©sir, aux priĂšres et aux vƓux ; optative » par rapport Ă  l'impĂ©ratif du vouloir, elle est impĂ©rative par rapport Ă  l'optatif[4] des souhaits ; par opposition au vƓu elle est plutĂŽt volontaire, comme elle est plutĂŽt affective par opposition Ă  la volontĂ©." Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, L'irrĂ©versible et la nostalgie, 1974, Flammarion, Champs essais, 2011, p. 168-171 et 176-177. [1] Équipollent Ă©quivalent. [2] MĂ©tempirique qui dĂ©passe l’expĂ©rience. [3] Dans la mythologie grecque, Elpis est la personnification de l'espoir. [4] Optatif qui exprime le souhait. CorrigĂ© proposĂ© En choisissant, nous faisons se rejoindre le regret de ce qui, tout juste passĂ©, ne sera plus jamais, et l' / espoir de l'avenir, qu'il nous reste Ă  construire. Cependant, ce n'est pas parce que, de cette maniĂšre, / le regret se mĂȘle Ă  l'espoir, et vice-versa, qu'ils pourraient s'annuler. En rĂ©alitĂ©, notre conscience ne / fait que passer alternativement de l'un Ă  l'autre. Tandis que le regret est la manifestation premiĂšre du caractĂšre / irrĂ©versible du temps c'est aussi, paradoxalement, le cas de l'espoir. En effet, c'est parce que le retour / en arriĂšre est impossible qu'il ne nous reste plus qu'Ă  nous projeter vers un avenir dans lequel, seul, / rĂ©side notre libertĂ©. C'est pourquoi nous sommes plus affectĂ©s par le regret que par l'espoir le premier consiste / Ă  ressentir notre impuissance, tandis que le second est tout entier tendu vers son objet. L'espoir s'oppose donc / au regret, mais il se distingue aussi de la volontĂ© et du vƓu. D'une part, contrairement Ă  celui qui / se contente de souhaiter, celui qui espĂšre s'engage vĂ©ritablement pour son idĂ©al. D'autre part, s'il n'est / pas nĂ©cessaire d'espĂ©rer pour faire, et qu'Ă  l'inverse, il n'est pas nĂ©cessaire de faire pour espĂ©rer, / on ne peut vouloir sans agir. 206 mots Retour en haut de page Vous rĂ©sumerez le texte en 100 mots ± 10 % en ne vous attachant qu'aux grands mouvements de la pensĂ©e. "On s'ennuie du prĂ©sent, on dĂ©sire languissamment une situation oĂč l'on n'est pas et dont on s'ennuie, quand on y est, comme de l'autre. Celle-ci Ă  son tour fait l'objet du regret tant il est vrai que l'imagination se nourrit de l'irrĂ©el, du passĂ© ou de l'avenir, au lieu que le prĂ©sent est l'austĂšre rempart d'une forte pensĂ©e, la colonne de l'esprit. Nous cherchons toujours Ă  Ă©chapper au prĂ©sent parce que nous sommes sans courage pour le soutenir. C'est parce qu'il est sous nos yeux que nous dĂ©tournons le regard. C'est parce qu'il sollicite notre action que nous faisons appel pour nous en dĂ©livrer Ă  toutes les puissances du rĂȘve. Il ne commence Ă  nous intĂ©resser qu'Ă  partir du moment oĂč nous pressentons que nous trouverons plaisir Ă  nous en souvenir. Et les Ă©vĂ©nements les plus familiers, ceux dont nous n'avons rien su tirer autrefois et qui ne produisaient en nous que de l'indiffĂ©rence et de l'ennui au moment oĂč ils avaient lieu, acquiĂšrent un charme mystĂ©rieux quand ils ne sont plus pour nous que des images ; c'est qu'ils nous donnent alors un moyen de nous Ă©vader du prĂ©sent et que nous ne nous sentons plus menacĂ©s de les revivre. Le passĂ© sert parfois Ă  nous consoler de l'imperfection de notre conduite actuelle en nous reprĂ©sentant d'anciens succĂšs qui nous rassurent sur ce que nous valons mais cette comparaison ne suffit pas Ă  nous faire illusion et elle nous laisse beaucoup d'amertume. Il arrive encore, quand les souvenirs de mon passĂ© me montrent un spectacle trop Ă©loignĂ© de ma vie prĂ©sente, que j'hĂ©site Ă  les reconnaĂźtre comme miens en eux je me cherche et en eux pourtant aussi je me quitte. Il arrive enfin, quand ils ont trop de force et de douceur, que c'est le prĂ©sent mĂȘme que je considĂšre comme un rĂȘve. Mais je m'Ă©vade aussi du prĂ©sent par l'attente de l'avenir. Il y a des gens qui attendent pendant toue leur vie un avenir oĂč ils pourront enfin commencer de vivre or cet avenir ne se produira jamais. Ainsi, leur pensĂ©e va toujours au-devant de ce qui n'est pas, mais elle est impuissante devant ce qui est. Ils sont semblables au prisonnier qui ne vit que de l'espoir d'une libertĂ© qui peut-ĂȘtre ne lui sera jamais donnĂ©e ou que peut-ĂȘtre il ne saura point employer. Mais pour eux la mort survient toujours dans la pĂ©riode d'attente ; et ils n'ont plus derriĂšre eux qu'une existence vide. C'est qu'en attendant de vivre, ils n'attendaient que de mourir. Entre la misĂšre que tel moment du temps nous apporte et le bonheur que tel autre moment nous promet il y a une diffĂ©rence de degrĂ© qui est souvent illusoire. Mais entre le prĂ©sent de l'ĂȘtre et le nĂ©ant de l'attente, il y a l'infini. Certaines gens par contre ont une hĂąte fĂ©brile de vivre, d'enfermer d'un seul coup dans le prĂ©sent tout l'avenir qui leur est rĂ©servĂ© leur coeur est aussi ardent que celui des premiers Ă©tait languissant. Mais le prĂ©sent doit nous suffire et nous combler car tout l'Être s'y trouve. L'avenir ne nous apportera rien de nouveau que le prĂ©sent dĂ©jĂ  ne contienne si nous sommes capables de l'y dĂ©couvrir il est donc vain de chercher Ă  le deviner, de s'y complaire par le rĂȘve, de faire effort pour y courir. Celui qui est uni Ă  Dieu ne connaĂźt ni impatience ni hĂąte ; quelles que soient les tristesses que l'instant lui apporte, il sait rester Ă  la place qui lui est assignĂ©e par l'ordre de la nature. Il aime l'Ă©tendue de sa tĂąche actuelle, il en aime l'humilitĂ©, il y applique sa volontĂ© et, dans ses limites, il fait tenir l'illimitĂ©. C'est en elles qu'il Ă©prouve les fortes joies d'ĂȘtre, de voir, d'agir et d'aimer. " Louis Lavelle, La conscience de soi, 1933. L'imagination nous fait prĂ©fĂ©rer l'irrĂ©el du passĂ© et / de l'avenir, que nous regrettons ou espĂ©rons, au prĂ©sent / bien rĂ©el. Car le prĂ©sent rĂ©clame la luciditĂ© et l' / action. Il ne nous plaĂźt que quand il est souvenir / en puissance. Nous nous Ă©vadons alors dans deux directions le / passĂ©, Ă  la lumiĂšre duquel le prĂ©sent parfois devient irrĂ©el ; / et un avenir chimĂ©rique. Aussi quand la mort vient, on / n'a pas commencĂ© Ă  vivre. Pourtant, le prĂ©sent devrait / nous combler, car il contient tout l'avenir. Mais seule / l'union Ă  Dieu permet d'accepter le prĂ©sent pour / ce qu'il est, et de vivre alors vĂ©ritablement. 109 mots Retour en haut de page Vous rĂ©sumerez le texte suivant en 100 mots + ou - 10% "L'idĂ©e que les hommes auraient depuis toujours apprĂ©hendĂ© les sĂ©ries d'Ă©vĂ©nements sous la forme qui domine dans les sociĂ©tĂ©s contemporaines, celle de sĂ©quences temporelles intĂ©grĂ©es dans un flux rĂ©gulier, uniforme et continu, est contredite par toutes sortes de faits observables aussi bien dans le passĂ© qu'aujourd'hui. Les corrections apportĂ©es par Einstein au concept newtonien du temps illustrent cette muabilitĂ© de la notion de temps Ă  l'Ă©poque moderne. Einstein a montrĂ© que la reprĂ©sentation newtonienne d'un temps unique et uniforme Ă  travers toute l'Ă©tendue de l'univers physique n'Ă©tait pas soutenable. Pour peu que l'on se tourne vers des stades antĂ©rieurs de l'Ă©volution des sociĂ©tĂ©s humaines, on trouvera de multiples exemples de telles mĂ©tamorphoses dans la maniĂšre de vivre et de conceptualiser ce que nous appelons aujourd'hui le temps ». Le concept de temps, dans l'usage que nous en faisons, se situe Ă  un haut niveau de gĂ©nĂ©ralisation et de synthĂšse qui prĂ©suppose un trĂšs riche fonds social de savoir quant aux mĂ©thodes de mesure des sĂ©quences temporelles et aux rĂ©gularitĂ©s qu'elles prĂ©sentent. Il est clair que les hommes des stades antĂ©rieurs ne pouvaient possĂ©der un tel savoir, non qu'ils fussent moins intelligents », que nous, mais parce que ce savoir demande par nature beaucoup de temps pour se dĂ©velopper. Parmi les plus anciens instruments de mesure du temps figuraient les mouvements du soleil, de la lune et des Ă©toiles. Nous disposons aujourd'hui d'une reprĂ©sentation trĂšs claire de ces mouvements, de leurs connexions et de leurs rĂ©gularitĂ©s. Mais nos lointains ancĂȘtres n'Ă©taient pas encore en mesure de mettre en relation les multiples mouvements des corps cĂ©lestes Ă  l'intĂ©rieur d'une reprĂ©sentation unitaire relativement intĂ©grĂ©e. Ils se trouvaient devant une multitude d'Ă©vĂ©nements individuels, dĂ©pourvus de connexions claires ou reliĂ©s par des relations imaginaires assez instables. Or, sans Ă©talon de mesure fixe pour apprĂ©cier la durĂ©e des Ă©vĂ©nements, on ne saurait possĂ©der un concept du temps semblable au nĂŽtre. En outre, nos ancĂȘtres pensaient et communiquaient en utilisant des concepts plus concrets », dirait-on aujourd'hui, que les nĂŽtres. Un concept ne pouvant ĂȘtre, Ă  proprement parler, concret », il serait probablement plus exact d'Ă©voquer ici des synthĂšses particularisantes » ou de bas niveau ». Ainsi, Ă  certaines Ă©poques, les hommes utilisaient la notion de sommeil » lĂ  oĂč nous parlerions de nuit », celle de lune » lĂ  oĂč nous parlerions de mois », celle de moisson » ou de rĂ©colte » lĂ  oĂč nous parlerions d' annĂ©e ». L'une des difficultĂ©s sur lesquelles bute toute enquĂȘte sur le temps est l'absence d'une thĂ©orie Ă©volutionnaire de l'abstraction ou, plus exactement, de la synthĂ©tisation. Ces transformations menant des synthĂšses particularisantes aux synthĂšses gĂ©nĂ©ralisantes comptent parmi les Ă©volutions les plus significatives en ce domaine. Mais la place nous manque ici pour les analyser plus en dĂ©tail. À cela s'ajoute le fait que si certaines unitĂ©s de temps, comme le jour », le mois », l' annĂ©e », etc., s'ajustent aujourd'hui sans heurt dans nos divers calendriers et Ă©phĂ©mĂ©rides, il n'en a pas toujours Ă©tĂ© de mĂȘme dans le passĂ©. En fait, l'expĂ©rience du temps comme flux uniforme et continu n'est devenue possible que par le dĂ©veloppement social de la mesure du temps, par l'Ă©tablissement progressif d'une grille relativement bien intĂ©grĂ©e de rĂ©gulateurs temporels, tels que les montres Ă  mouvement continu, la succession continue des calendriers annuels, les Ăšres enjambant les siĂšcles nous vivons aujourd'hui au XXe siĂšcle aprĂšs la naissance du Christ. LĂ  oĂč ces instruments font dĂ©faut, cette expĂ©rience du temps fait Ă©galement dĂ©faut." Norbert Elias, Du temps, 1984, tr. fr. MichĂšle Hulin, Fayard, p. 46-47. CorrigĂ© proposĂ© Les hommes n'ont pas toujours conçu le temps comme nous le faisons aujourd'hui, Ă  savoir comme un "flux rĂ©gulier, / uniforme et continu". Une telle conception nĂ©cessite en effet un effort d'abstraction et de synthĂšse, ainsi que des outils / et des mĂ©thodes de mesure du temps notamment un Ă©talon de mesure fixe dont ne disposaient pas les hommes des / Ă©poques passĂ©es, lesquels s'orientaient temporellement Ă  l'aide d'Ă©vĂ©nements naturels ou sociaux tangibles. Une mesure sociale du temps / doit en particulier se dĂ©velopper, qui fait appel Ă  des outils de rĂ©gulation et d'intĂ©gration des sĂ©quences temporelles, comme / les montres et les calendriers. 105 mots Retour en haut de page Vous rĂ©sumerez le texte suivant en 100 mots + ou - 10% "Pas plus que l'espace, le Temps n'est, pour l'homme religieux, homogĂšne ni continu. Il y a les intervalles de Temps sacrĂ©, le temps des fĂȘtes en majoritĂ©, des fĂȘtes pĂ©riodiques ; il y a, d'autre part, le Temps profane, la durĂ©e temporelle ordinaire dans laquelle s'inscrivent les actes dĂ©nuĂ©s de signification religieuse. Entre ces deux espĂšces de Temps, il existe, bien entendu, une solution de continuitĂ© ; mais, par le moyen des rites, l'homme religieux peut passer » sans danger de la durĂ©e temporelle ordinaire au Temps sacrĂ©. Une diffĂ©rence essentielle entre ces deux qualitĂ©s de Temps nous frappe d'abord le Temps sacrĂ© est par sa nature mĂȘme rĂ©versible, dans le sens qu'il est, Ă  proprement parler, un Temps mythique primordial rendu prĂ©sent. Toute fĂȘte religieuse, tout Temps liturgique, consiste dans la rĂ©actualisation d'un Ă©vĂ©nement sacrĂ© qui a eu lieu dans un passĂ© mythique, au commencement. » Participer religieusement Ă  une fĂȘte implique que l'on sort de la durĂ©e temporelle ordinaire » pour rĂ©intĂ©grer le Temps mythique rĂ©actualisĂ© par la fĂȘte mĂȘme. Le Temps sacrĂ© est par suite indĂ©finiment rĂ©cupĂ©rable, indĂ©finiment rĂ©pĂ©table. D'un certain point de vue, on pourrait dire de lui qu'il ne coule » pas, qu'il ne constitue pas une durĂ©e » irrĂ©versible. C'est un Temps ontologique par excellence, parmĂ©nidien »[1] toujours Ă©gal Ă  lui-mĂȘme, il ne change ni ne s'Ă©puise. À chaque fĂȘte pĂ©riodique on retrouve le mĂȘme Temps sacrĂ©, le mĂȘme qui s'Ă©tait manifestĂ© dans la fĂȘte de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente ou dans la fĂȘte d'il y a un siĂšcle c'est le Temps créé et sanctifiĂ© par les dieux lors de leurs gesta[2], qui sont justement rĂ©actualisĂ©s par la fĂȘte. En d'autres termes, on retrouve dans la fĂȘte la premiĂšre apparition du Temps sacrĂ©, telle qu'elle s'est effectuĂ©e ab origine, in illo tempore[3]. Car ce Temps sacrĂ© dans lequel se dĂ©roule la fĂȘte n'existait pas avant les gesta divins commĂ©morĂ©s par elle. En crĂ©ant les diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s qui constituent aujourd'hui le Monde, les dieux fondaient Ă©galement le Temps sacrĂ©, puisque le Temps contemporain d'une crĂ©ation Ă©tait nĂ©cessairement sanctifiĂ© par la prĂ©sence et l'activitĂ© divine. L'homme religieux vit ainsi dans deux espĂšces de Temps, dont la plus importante, le Temps sacrĂ©, se prĂ©sente sous l'aspect paradoxal d'un Temps circulaire, rĂ©versible et rĂ©cupĂ©rable, sorte d'Ă©ternel prĂ©sent mythique que l'on rĂ©intĂšgre pĂ©riodiquement par le truchement des rites. Ce comportement Ă  l'Ă©gard du Temps suffit Ă  distinguer l'homme religieux de l'homme non-religieux le premier se refuse de vivre uniquement dans ce qu'en termes modernes on appelle le prĂ©sent historique » ; il s'efforce de rejoindre un Temps sacrĂ© qui, Ă  certains, Ă©gards, peut ĂȘtre homologuĂ© Ă  l' ÉternitĂ© ». Il serait plus difficile de prĂ©ciser en peu de mots ce qu'est le Temps pour l'homme non-religieux des sociĂ©tĂ©s modernes. [
] ce que l'on peut constater relativement Ă  un homme non-religieux, c'est que lui aussi connaĂźt une certaine discontinuitĂ© et hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© du Temps. Pour lui aussi il existe, outre le temps plutĂŽt monotone du travail, le temps des rĂ©jouissances et des spectacles, le temps festif ». Lui aussi vit suivant des rythmes temporels variĂ©s et connaĂźt des temps d'intensitĂ© variable lorsqu'il Ă©coute sa musique prĂ©fĂ©rĂ©e ou, amoureux, attend ou rencontre la personne aimĂ©e, il Ă©prouve Ă©videmment un autre rythme temporel que lorsqu'il travaille ou s'ennuie. Mais, par rapport Ă  l'homme religieux, il existe une diffĂ©rence essentielle ce dernier connaĂźt des intervalles sacrĂ©s », qui ne participent pas Ă  la durĂ©e temporelle qui les prĂ©cĂšde et les suit, qui ont une tout autre structure et une autre origine », car c'est un Temps primordial, sanctifiĂ© par les dieux et susceptible d'ĂȘtre rendu prĂ©sent par la fĂȘte. Pour un homme non-religieux, cette qualitĂ© transhumaine du temps liturgique est inaccessible. Pour l'homme non-religieux, le Temps ne peut prĂ©senter ni rupture, ni mystĂšre » il constitue la plus profonde dimension existentielle de l'homme, il est liĂ© Ă  sa propre existence, donc il a un commencement et une fin, qui est la mort, l'anĂ©antissement de l'existence. Quelle que soit la multiplicitĂ© de l'existence. Quelle que soit la multiplicitĂ© des rythmes temporels qu'il Ă©prouve et leurs diffĂ©rentes intensitĂ©s, l'homme non-religieux sait qu'il s'agit toujours d'une expĂ©rience humaine dans laquelle aucune prĂ©sence divine ne peut s'insĂ©rer. Pour l'homme religieux, au contraire, la durĂ©e temporelle profane est susceptible d'ĂȘtre pĂ©riodiquement arrĂȘtĂ©e » par l'insertion, au moyen des rites, d'un Temps sacrĂ©, non-historique dans le sens qu'il n'appartient pas au prĂ©sent historique. [
] Le Temps sacrĂ©, pĂ©riodiquement rĂ©actualisĂ© dans les religions prĂ©-chrĂ©tiennes surtout dans les religions archaĂŻques, c'est un Temps mythique, un Temps primordial, non-identifiable au passĂ© historique, un Temps originel, dans le sens qu'il a jailli tout d'un coup », qu'il n'Ă©tait pas prĂ©cĂ©dĂ© par un autre Temps, parce qu'aucun Temps ne pouvait exister avant l'apparition de la rĂ©alitĂ© racontĂ©e par le mythe." Mircea Eliade, Le SacrĂ© et le Profane, 1957, Ă©d. Gallimard, Folio essais, 2001, p. 63. [1] ParmĂ©nidien relatif Ă  ParmĂ©nide, philosophe grec du Ve siĂšcle av. ou Ă  sa doctrine. Cette derniĂšre a fait de lui le penseur de l'Être par excellence, dont il a inlassablement rĂ©pĂ©tĂ© qu'il est, tandis que le Non-Être n'est pas. [2] Les gesta dĂ©signent les hauts faits/exploits des dieux. [3] Ab origine, in illo tempore dĂšs l'origine, en ce temps-lĂ . CorrigĂ© proposĂ© Pour l'homme religieux, le temps est hĂ©tĂ©rogĂšne et discontinu, car sĂ©parĂ© entre le temps sacrĂ© et le temps profane. / Le temps sacrĂ© ne fait que rĂ©pĂ©ter et rendre prĂ©sent un temps originel, mythique, celui des dieux. Il apparaĂźt dĂšs / lors circulaire et Ă©ternel. Pour l'homme non religieux, le temps connaĂźt aussi des rythmes diffĂ©rents, partagĂ© qu'il est / notamment entre le temps quotidien et le temps festif. Toutefois, Ă  l'inverse de l'homme religieux, il ne conçoit / pas le temps comme marquĂ© par des ruptures. C'est un temps historique, celui de sa propre existence, qui possĂšde / un dĂ©but et une fin. 104 mots Retour en haut de page Date de crĂ©ation 27/09/2013 1144 DerniĂšre modification 09/05/2014 0631 CatĂ©gorie Page lue 6100 fois Imprimer l'article
10Lesexpressions mĂȘmes de notre texte montrent cette « contradiction », entre « une sĂ©rie d’états psychologiques distincts, chacun invariable, qui produiraient les variations du moi par leur succession mĂȘme » et par ailleurs « un moi, non moins invariable, qui leur servirait de support ».Il faut alors se rappeler ce que montre Bergson dans la premiĂšre partie de l’Introduction
Afin de mieux saisir les enjeux du prĂ©sent texte nous allons tout d’abord le rĂ©inscrire au sein du contexte oĂč il prend place. Le recueil de confĂ©rences auquel il appartient s’intitule L’énergie spirituelle. La confĂ©rence prĂ©cise, dont nous avons la retranscription textuelle s’intitule, la conscience et la vie, le titre de l’extrait du paragraphe que nous Ă©tudions est l’activitĂ© crĂ©atrice. Troistitres avec lesquels nous pouvons d’emblĂ© de jeux supposer que Bergson dispose l’homme Ă  une certaine immanence au sein de son activitĂ©. De quelle maniĂšre l’homme est-il disposĂ© Ă  tirer de lui mĂȘme plus qu’il ne comporte? Rappelons tout d’abord les grandes lignes que Bergson Ă  avancĂ© avant d’arriver Ă  ce texte qui sera clĂ© de la comprĂ©hension de l’ensemble de la confĂ©rence. La vie est unecontraction entre ce qui n’est pas encore et ce qui n’est dĂ©jĂ  plus. Un trait d’union tirĂ© entre futur et passĂ©. Si ce trait d’union vital est celui d’un choix, la conscience s’y ajoute, s’il est celui d’un automatisme, la conscience s’en retire. C’est ici que le concept de crĂ©ativitĂ© intervient, mĂȘme si la vie nĂ©cessite contraction et accumulation de matiĂšre elle peut aussi prendre une dimensionexplosive. Comme un ressort qui aurait Ă©tĂ© suffisamment contractĂ© pour se redĂ©ployer dans toute sa longueur plus un nouveau bond que cette libĂ©ration soudaine d’énergie permet. Le tout Ă©tant de lier ces deux mouvements en une dialectique constructive, c’est l’évolution de la vie dans sa capacitĂ© adaptative. Cependant je crois me rappeler d’une boutade prĂ©ventive une tĂȘte en forme de marteau est propreĂ  ceux qui veulent enfoncer des clous ! », est-ce la bonne direction qu’une vision instrumentaliste de l’étincelle explosive de la vie dont on pourrait tirer profit pour de meilleures capacitĂ©s adaptatives? Ce texte est d’avantage orientĂ© dans la supposition d’une prĂ©disposition artistique Ă  l’expression et non de la spĂ©cification de techniques efficientes. Construire le monde en l’expĂ©rimentantet non l’expĂ©rimenter dans des schĂ©mas construits selon les normes de l’efficacitĂ© productrice. Cela suppose des gestes qui s’opĂšrent librement, sans rĂ©flexivitĂ© prĂ©maturĂ©e, sans un voile trop opaque entre ce qui veut ĂȘtre exprimĂ© et le sens qui s’en dĂ©gage. Le contexte d’expression n’est pas perverti par le moi superficiel de la vie quotidienne. Le bouillonnement interne rayonne au-delĂ  des dit la figuration du moi par l’expression peut nĂ©anmoins parfois ĂȘtre terriblement castratrice. En effet le sens qui s’en dĂ©gage est emprisonnĂ© dans les mots et ne convaincra plus par la multiplicitĂ© irrĂ©ductible des possibles non encore exprimĂ©s. C’est renoncer Ă  son moi profond et comprendre le contenu de ce moi par l’exercice de sa diffusion. La difficultĂ© rĂ©sidant dans la capacitĂ© depeindre le tableau tout en construisant le cadre qui va le contenir; norme nĂ©cessaire Ă  l’exposition de celui-ci. Ainsi l’Ɠuvre devient visible, peut ĂȘtre Ă©normĂ©ment d’ineptie va ĂȘtre divulguĂ© Ă  son sujet, mais par l’exercice de ce message transmis, l’homme se hausse au dessus de lui-mĂȘme. Peut ĂȘtre y a-t-il eu crise dans le passage Ă  l’action du langage ?; dĂ©composition de l’unitĂ© profonde du moi etrecomposition pour se dĂ©finir autrement dans l’expression. MĂȘme si l’expression est risque, c’est un processus extrĂȘmement stimulant pour la conscience qui soupĂšse et rassemble tout ce qui la compose pour devenir autre. Par ce processus une libertĂ© s’offre Ă  lui et les directions multiples qu’elle permet d’emprunter exaspĂšre la conscience en activitĂ©. Voici beaucoup de lyrisme. Une explicationmoins survolĂ©e du texte est nĂ©cessaire. Bergson l’annonce dĂšs la premiĂšre phrase il s’agit de comprendre les enjeux qui se dĂ©gagent d’une mise en rapport de la pensĂ©e et de la matiĂšre. Ces deux variables Ă©tant interdĂ©pendantes il faut maintenant distinguer trois lieux oĂč elles entrent en relation. PremiĂšrement, la pensĂ©e laissĂ©e seule au sein du corps Mettons donc,
 ,il y a de la confusion.
.
CORRIGEQuestion 1 : a) Bergson traite dans ce texte de la dĂ©marche scientifique et du statut des thĂ©ories. AprĂšs avoir analysĂ© la mĂ©thode scientifique des « modernes », la mĂ©thode expĂ©rimentale, il en conclut que le travail d’élaboration d’une thĂ©orie scientifique "L'intuition est l'art acrobatique de penser les choses au plus prĂšs" c'est ainsi que JankĂ©lĂ©vitch rĂ©sume l'intuition chez Bergson. Comment saisir cette intuition qu'a essayĂ© de formuler le philosophe et qui est "quelque chose de simple, d'infiniment simple, de si extraordinairement simple que le philosophe n'a jamais rĂ©ussi Ă  le dire" ? Le texte du jour A mesure que nous cherchons davantage Ă  nous installer dans la pensĂ©e du philosophe au lieu d'en faire le tour, nous voyons sa doctrine se transfigurer. D'abord la complication diminue. Puis les parties entrent les unes dans les autres. Enfin tout se ramasse en un point unique, dont nous sentons qu'on pourrait se rapprocher de plus en plus quoiqu'il faille dĂ©sespĂ©rer d'y atteindre. En ce point est quelque chose de simple, d'infiniment simple, de si extraordinairement simple que le philosophe n'a jamais rĂ©ussi Ă  le dire. Et c'est pourquoi il a parlĂ© toute sa vie. Il ne pouvait formuler ce qu'il avait dans l'esprit sans se sentir obligĂ© de corriger sa formule, puis de corriger sa correction – ainsi, de thĂ©orie en thĂ©orie, se rectifiant alors qu'il croyait se complĂ©ter, il n'a fait autre chose, par une complication qui appelait la complication et par des dĂ©veloppements juxtaposĂ©s Ă  des dĂ©veloppements, que rendre avec une approximation croissante la simplicitĂ© de son intuition originelle. Toute la complexitĂ© de sa doctrine, qui irait Ă  l'infini, n'est donc que l'incommensurabilitĂ© entre son intuition simple et les moyens dont il disposait pour l’exprimer. Quelle est cette intuition ? Si le philosophe n'a pas pu en donner la forÂŹmule, ce n'est pas nous qui y rĂ©ussirons. Mais ce que nous arriverons Ă  ressaisir et Ă  fixer, c'est une certaine image intermĂ©diaire entre la simplicitĂ© de l'intuition concrĂšte et la complexitĂ© des abstractions qui la traduisent, image fuyante et Ă©vanouissante, qui hante, inaperçue peut-ĂȘtre, l'esprit du philosoÂŹphe, qui le suit comme son ombre Ă  travers les tours et dĂ©tours de sa pensĂ©e, et qui, si elle n'est pas l'intuition mĂȘme, s'en rapproche beaucoup plus que l'expression conceptuelle, nĂ©cessairement symbolique, Ă  laquelle l'intuition doit recourir pour fournir des "explications". » - Henri Bergson, La PensĂ©e et le mouvant, 1934, L’Intuition philosophique », 1911, PUF, 2013, Lecture- Henri Bergson, La PensĂ©e et le mouvant, 1934, L’Intuition philosophique », 1911, PUF, 2013, Extraits- Archive Merleau-Ponty le style de Bergson source Henri Bergson, 19/10/1959, RTF - Archive Jankelevitch ce qu’est l’intuition source Analyse spectrale de l’Occident, 13/05/1967 - Archive Sartre sa vocation de philosophe vient de Bergson source diffusĂ© le 21/04/1980, quelques jours aprĂšs la mort de Sartre, TF1 RĂ©fĂ©rences musicales- Pink Martini, Sympathique - Bill Evans, Here's that rainy day - Bugge Wesseltoft, Road home - Keith Jarrett, Rio part IX - Bill Fleming, Vim vigor and vitality David Lapoujade

stéphaniede monaco compagnon iranien; mattias guyomar wikipédia; les villes les moins cher des etats-unis pour vivre; peinture audi a3 sportback ; pose de parquet flottant; Select Page. la pensée et le mouvant explication de texte. by | Nov 16, 2021 | salaire moyen métropole | regard béton 30x30 avec couvercle

La pensĂ©e et le langage Le concept de pensĂ©e » possĂšde au moins deux acceptions majeures. Au sens strict, c’est la pensĂ©e intellectuelle, passant par les idĂ©es, par les concepts, par les mots c’est le jugement. Au sens large, la pensĂ©e dĂ©signe tout phĂ©nomene conscient, comme par exemple l’imagination ou encore la perception. D’un cĂŽtĂ©, toute pensĂ©e semble passer nĂ©cessairement par le langage, mais de l’autre, elle semble facilement ne pas toujours emprunter la voie du langage pour se rĂ©aliser. Mais doit-on se satisfaire d’une telle p g N’y a-t’il pas tout d’ab conceptuelles, dont l’ tions non mble ĂȘtre un parfait exemple ? Le langage n’est-il alors qu’un simple instrument de la pensĂ©e puisqu’ici la langage semble excĂšder celle-ci ? Celle- ci serait alors indĂ©pendante, antĂ©rieure, voire plus large que le langage par lequel elle s’eprime. Le langage n’est-il pas au contraire une condition nĂ©cessaire de la pensĂ©e, c’est-Ă -dire ce sans quoi il n’y a de pensĂ©e, d’une part communiquĂ©e c’est Ă©vident, d’autre part solitaire semble moins Ă©vident. C’est ici entre autre le problĂšme de l’inĂ©ffable existe-t’il de l’indicible nĂ©anmoins pensĂ© ? D’autre part, SI la pensĂ©e comprise comme l’ensemble de la vie consciente, psychique semble bien pouvoir se passer d’un langage, n’est-ce pas une apparence to next page apparence trompeuse ? Des opĂ©rations de l’esprit comme l’imagination ou la perception sont-elles vraiment sans langage » ? Et si ces opĂ©rations avaient un langage, ne serait-ce pas en un sens plus large que celui de la pensĂ©e conceptuelle ? Quel est donc le rapport entre la pensĂ©e et le langage est-il extĂ©rieur, accidentel, ou au contraire constitutif ? Bref peut-on penser sans langage ? -La pensĂ©e indĂ©pendante du langage La thĂšse selon laquelle il serait possible de penser sans langage revient entre autre Ă  considĂ©rer le langage comme un simple instrument de la pensĂ©e. La pensĂ©e est alors ici une rĂ©alitĂ© prĂ©existante, antĂ©rieure, dont le langage se fait simple mĂ©diateur. En ce sens la pensĂ©e conceptuelle, passant par des mots ne serait qu’une espĂšce du genre pensĂ©e, ce ne serait qu’une forme, restreinte, qu’elle peut prendre. La pesnĂ©e serait du spirituel, de l’immatĂ©riel qui peut se matĂ©rieliser avec la langage ou bien rester immatĂ©rielle. On en arrive alors par exemple au problĂšme e l’adĂ©quation du langage avec la pensĂ©e qu’elle doit exprimer la langage est-il un bon intermĂ©iaire ? La pensĂ©e ne se fait- elle pas en quelque sorte en dĂ©pit du langage, dans le sens oĂč les mots, les concepts, les langues ne seraient que des outils imparfaits pour la matĂ©rialisation et la transmission de la pensĂ©e ? Le fait que l’on cherche parfois nos mots peut par exemple ĂȘtre intĂ©prĂštĂ© en faveur de cette thĂšse, du moins en fav 2 OF s nos mots peut par exemple ĂȘtre IntĂ©prĂštĂ© en faveur de cette thĂšse, du moins en faveur de la thĂšse selon laquelle la pensĂ©e erait antĂ©rieure au langage, celui-ci extĂ©rieur Ă  celle-lĂ . Certains philosophes ont soulignĂ© les limites de la pensĂ©e conceptuelle, c’est-Ă -dire les limites du concpet pour exprimer au moins certaines formes de pensĂ©e. Bergson a par exemple mis en exergue l’impossibilitĂ© de saisir conceptuellement ce qu’est la vie, e tnotamment sa forme la plus Ă©levĂ©e qu’est la vie consciente, du fait d’une sorte de raideur des concepts. Notre existence est profondĂ©ment temporelle. Il s’agit de ressaisir en deça de toute activitĂ© consciente la vie de l’esprit comme durĂ©e, flux. Saisir ce flux temporel, cest saisir quelque chose de toujours identique en moi, c’est atteindre une vĂ©ritĂ©. Cette vĂ©ritĂ© est saisie par une intuition, c’est-Ă -dire ici une vision de soi par soi cette intuition intellectuelle peut ĂȘtre comprise comme le contact immĂ©diat entre la pensĂ©e et son objet, sans le passage par l’intermĂ©diaire d’un concept. Ce qui signifie que l’accĂšs Ă  cette vĂ©ritĂ© que notre vie consciente est profondĂ©ment durĂ©e se fait par un mouvement qui va contre l’intellect et s’enracinne dans le vouloir, comme si la volontĂ© se retournait sur elle-mĂȘme. Cest un acte de l’esprit, donc en ce sens il existerait une pensĂ©e non conceptuelle, prenant ici la forme de l’intuition intellectuelle. Tout le problĂšme est alors de dire, de communique 3 OF s est alors de dire, de communiquer cette durĂ©e, car elle est au- delĂ  du langafe. La pensĂ©e conceptuelle montre ici ses limite. En un sens, notre durĂ©e est quelque chose d’inĂ©ffable, d’indicible il y a ici une inadĂ©quation entre la pensĂ©e intuitive et le langage. Mais on peut tout de mĂȘme en faire une monstration, une description. Cest ce que ait Bergson, souvent par des formules Ă©gatives et limitatives, mais Ă©galement par des mĂ©taphores comme mĂ©lodie organisme Cest comme s’il tentait d’encercler l’objet de son intuition sans pouvoir le montrer directement. Ainsi, chez Bergson, d’une part, il existe de la pensĂ©e non concpetuelle, qui n’est pas mĂ©diatisĂ©e par le langage, et, d’autre part, la communicationde cette intuition ne peut se faire qu’imparfaitement, comme le prouve l’emploi de mĂ©taphores et de descriptions nĂ©gatives. Il y aurait donc des formes de pensĂ©e intellectuelle sans langage. Enfin, Ă  cĂŽtĂ© de ce sens de la restreint de la pensĂ©e, il est possible e mettre en avant un sens bien plus large, que l’on retrouve par exemple chez Descartes, pour qui la pensĂ©e peut ĂȘtre comprise comme Pensemble des phĂ©nomĂšnes de la vie consciente. Dans les RĂ©ponses aux secondes objections, Descartes propose cette dĂ©finition de la pensĂ©e Par le nom de pensĂ©e, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immĂ©diatement conscients. Ain 4 OF S comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immĂ©diatement conscients. Ainsi toutes les opĂ©rations de la volontĂ©, de l’entendement, de l’imagination et des sens sont des pensĂ©ees b. La pensĂ©e, c’est donc ici ce dont on est ImmĂ©diatement conscient. L’imagination fonctionne par images, reprĂ©sente des choses par le biai d’images. Il semble douteux qu’en imaginant on pense avec le langage, du moins si l’on considĂšre celui-ci comme la facultĂ© de communiquer la pensĂ©e par un systĂšme de signes. On peut traduire le contenu de l’imagination par le langage, mais elle n’est pas elle-mĂȘme un langage. De mĂȘme la perception semble bel et bien se passer d’un langage. par consĂ©quent, la pensĂ©e semble bien pouvoir se passer du langage, ce qui revient Ă  considĂ©rer celui-ci comme un simple nstrument, et la pensĂ©e comme antĂ©rieure et plus vaste que le langage. L’intuition peut apparaitre comme une forme de pensĂ©e non conceptuelle dont on ne peut que difficilement rendre compte par langage il faut par exemple utiliser des descriptions indirectes. La possibilitĂ© d’une pensĂ©e indĂ©pendante du langage apparait encore plus nettement si l’on adopte un sens large de la pensĂ©e. Mais ce rapport instaurĂ© entre le langage et la pensĂ©e est-il satisfaisant ? Ne faut-il pas, notamment, restreindre le sens de pensĂ©e » et prĂ©ciser le sens de ce concept ? S OF s

lacde saint-point randonnĂ©e. sac de transport pour urne funĂ©raire; recette boeuf Ă  la bordelaise; restos du coeur covid paris; comment jouer Ă  world of warcraft; fĂȘte foraine bouches du rhĂŽne 2021; jeux en ligne stratĂ©gie civilisation; emprunter ou empreinter un chemin; stagiaire fonction publique hospitaliĂšre prime. croissant bicolore Voici le texte intĂ©gral de la lettre de Spinoza Ă  propos de la libertĂ©, adressĂ©e Ă  G. H. texte complet de la lettre est suivi par un commentaire de texte, qui constitue une correction possible si le sujet vous est posĂ© lors d’une Ă©preuve de corrigĂ©s vous permettront de mieux comprendre le texte et expliquent ce qu’il faut lire derriĂšre les lignes. NĂ©anmoins, la lecture de la lettre originale est importante avant de lire la correction – commentaire de intĂ©gral de la lettre de Spinoza sur la libertĂ©J’appelle libre, quant Ă  moi, une chose qui est et agit par la seule nĂ©cessitĂ© de sa nature ; contrainte, celle qui est dĂ©terminĂ©e par une autre Ă  exister et Ă  agir d’une certaine façon par exemple, existe librement bien que nĂ©cessairement parce qu’il existe par la seule nĂ©cessitĂ© de sa nature. De mĂȘme aussi Dieu se connaĂźt lui-mĂȘme librement parce qu’il existe par la seule nĂ©cessitĂ© de sa nature. De mĂȘme aussi Dieu se connaĂźt lui-mĂȘme et connaĂźt toutes choses librement, parce qu’il suit de la seule nĂ©cessitĂ© de sa nature que Dieu connaisse toutes choses. Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la libertĂ© dans un libre dĂ©cret mais dans une libre descendons aux choses créées qui sont toutes dĂ©terminĂ©es par des causes extĂ©rieures Ă  exister et Ă  agir d’une certaine façon dĂ©terminĂ©e. Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose trĂšs simple une pierre par exemple reçoit d’une cause extĂ©rieure qui la pousse, une certaine quantitĂ© de mouvements et, l’impulsion de la cause extĂ©rieure venant Ă  cesser, elle continuera Ă  se mouvoir nĂ©cessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu’elle est nĂ©cessaire, mais parce qu’elle doit ĂȘtre dĂ©finie par l’impulsion d’une cause extĂ©rieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l’entendre de toute chose singuliĂšre, quelle que soit la complexitĂ© qu’il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent ĂȘtre ses aptitudes, parce que toute chose singuliĂšre est nĂ©cessairement dĂ©terminĂ©e par une cause extĂ©rieure Ă  exister et Ă  agir d’une certaine maniĂšre maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu’elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurĂ©ment, puisqu’elle a conscience de son effort seulement et qu’elle n’est en aucune façon indiffĂ©rente, croira qu’elle est trĂšs libre et qu’elle ne persĂ©vĂšre dans son mouvement que parce qu’elle le est cette libertĂ© humaine que tous se vantent de possĂ©der et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appĂ©tits et ignorent les causes qui les dĂ©terminent. Un enfant croit librement appĂ©ter le lait, un jeune garçon irritĂ© vouloir se venger et, s’il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre dĂ©cret de son Ăąme ce qu’ensuite, revenu Ă  la sobriĂ©tĂ©, il aurait voulu taire. De mĂȘme un dĂ©lirant, un bavard, et bien d’autres de mĂȘme farine, croient agir par un libre dĂ©cret de l’ñme et non se laisser prĂ©jugĂ© Ă©tant naturel, congĂ©nital parmi tous les hommes, ils ne s’en libĂšrent pas aisĂ©ment. Bien qu’en effet l’expĂ©rience enseigne plus que suffisamment que, s’ils est une chose dont les hommes soient peu capables , c’est de rĂ©gler leurs appĂ©tits et, bien qu’ils constatent que partagĂ©s entre deux affections contraires, souvent ils voient le meilleur et font le pire, ils croient cependant qu’ils sont libres, et cela parce qu’il y a certaines choses n’excitant en eux qu’un appĂ©tit lĂ©ger, aisĂ©ment maitrisĂ© par le souvenir frĂ©quemment rappelĂ© de quelque autre SPINOZA, lettre Ă  Schuller, Lettre LVIII, in ƒuvresCommentaire de texte Explications sur la lettre de Spinoza Ă  propos de la libertĂ©[INTRODUCTION][ThĂšme]Dans sa correspondance, dont une partie prend place aprĂšs la parution de l’Ethique, Spinoza a maintes fois l’occasion d’aborder le thĂšme de la libertĂ©. Il en est ici de nouveau question.[PrĂ©sentation de l’auteur]Baruch Spinoza est un philosophe nĂ©erlandais du XVIIe siĂšcle, dont les Ă©crits lui ont valu une excommunication de la communautĂ© juive. Si ses ouvrages sont alors scandaleux, ce n’est pas tant par un quelconque refus de la religion, mais bien par sa rĂ©interprĂ©tation ou son interprĂ©tation simplement des concepts religieux mais aussi philosophiques, au nombre desquels la libertĂ© doit compter.[Enjeu] Cette lettre s’inscrit donc Ă  une Ă©poque oĂč la libertĂ© entendue comme libre-arbitre veut ĂȘtre prĂ©servĂ©e, notamment pour rendre compte du pĂ©chĂ© comme acte dĂ©libĂ©rĂ© et contre la rĂ©forme protestante qui un siĂšcle plus tĂŽt en Europe Ă©galement ouvre la voie Ă  la notion de prĂ©destination.[ProblĂ©matique] Ainsi, le problĂšme auquel rĂ©pond Spinoza dans sa lettre Ă  G. H. Schuller est celui de comprendre comment le prĂ©jugĂ© du libre-arbitre peut ĂȘtre percĂ© et Ă©lucidĂ© par les ĂȘtres humains. Comment la libertĂ© peut ĂȘtre conçue pour ce qu’elle est, Ă  savoir une libre nĂ©cessitĂ© plutĂŽt qu’un libre dĂ©cret, ce dernier n’étant qu’une illusion ?[ThĂšse]Spinoza souligne l’importance de se dĂ©faire des superstitions, au rang desquelles appartient le libre-arbitre, et qui rĂ©side dans le fait que l’homme pense savoir qu’il vit selon sa propre dĂ©cision, alors qu’il ne fait que suivre la nĂ©cessitĂ©.[Plan]Pour aboutir Ă  cette thĂšse, il est possible d’identifier trois mouvements dans le texte selon ses trois paragraphes d’abord, Spinoza rappelle les conclusions de l’Ethique, en prĂ©cisant ce qu’i appelle libertĂ©. Puis il fait voir les dĂ©veloppements et les consĂ©quences de ces conclusions en insistant sur le fait que toute chose est dĂ©terminĂ©e si elle est singuliĂšre. Enfin, il porte un coup Ă  l’illusion de maĂźtrise des hommes en dĂ©voilant par plusieurs exemples que l’homme n’est pas cet empire dans un empire » Ethique qu’il croit ĂȘtre.[Importance]Cette dĂ©couverte, Ă  savoir que la libertĂ© en tant que libre-arbitre n’est qu’illusion, est fondamentale dans l’histoire de la philosophie, puisque les auteurs Ă  venir ne feront que se situer par rapport Ă  Spinoza sur cette question ; d’oĂč la phrase de Hegel l’alternative est Spinoza ou pas de philosophie. ».[PREMIÈRE PARTIE]Dans la premiĂšre partie, Spinoza entend donc rappeler les conclusions de l’ commence donc par faire la distinction entre ce qui est libre et contraint. Est libre une chose qui est et agit par la seule nĂ©cessitĂ© de sa nature ». Pour Spinoza, la nĂ©cessitĂ© consiste en ce qui ne peut pas ne pas ĂȘtre, ce qui dans l’Ethique vaut pour Dieu lui-mĂȘme et donc le monde. Si tout n’est pas libre, tout est nĂ©cessaire pour Spinoza. Le contingent n’est pas une caractĂ©ristique du monde possible. Il est donc plus important d’insister sur les mots la seule nĂ©cessitĂ© de sa nature » dans le sens oĂč rien d’extĂ©rieur n’intervient, et c’est ce qui donne le caractĂšre libre. Au contraire, ce qui est contraint est dĂ©terminĂ© par une autre Ă  exister ». C’est bien l’agent extĂ©rieur qui fonde la distinction, car tout est est il est possible de dire de Dieu qu’il est libre. Car si lui-mĂȘme est nĂ©cessaire, c’est-Ă -dire qu’il n’aurait pas pu ne pas ĂȘtre ou ĂȘtre diffĂ©rent, pour autant rien ne l’a poussĂ© Ă  exister ou Ă  persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre de maniĂšre causale et par un agent extĂ©rieur. Dieu, Ă©galement, connaĂźt toutes choses librement » de façon Ă©vidente Ă  la lecture de l’Ethique, puisque Dieu consiste en le monde entier, il est illimitĂ© et infini, ces attributs dĂ©rivant de sa nature par dĂ©finition. Puisqu’il est toutes choses, il connaĂźt » toutes pourquoi Spinoza rectifie contre la possibilitĂ© de galvauder les termes l’idĂ©e que la libertĂ© pour lui reviendrait au libre dĂ©cret » notion synonyme de libre-arbitre » tel qu’il est posĂ© par Saint Thomas d’Aquin dans sa Somme thĂ©ologique, dĂ©cret » insistant sur le pouvoir dĂ©cisionnel. La libertĂ© pour Spinoza consiste donc Ă  suivre sa propre nature, et rien d’autre.[DEUXIÈME PARTIE]Dans la seconde partie de ce texte, Spinoza prend l’exemple d’une chose singuliĂšre pour rendre compte qu’elle est dĂ©terminĂ©e par une cause extĂ©rieure et donc bien comprendre l’exemple que prend Spinoza, il convient de voir qu’i prĂ©pare en fait une comparaison avec l’ĂȘtre humain. Mais Ă  ce moment, Spinoza se contente de descendre » Ă  une chose singuliĂšre, dont personne n’affirme ou n’a affirmĂ© qu’elle pourrait ĂȘtre libre en l’occurrence une pierre. Ainsi une pierre jetĂ©e par quelqu’un, ou entraĂźnĂ©e par quelque chose d’autre, imprimera un mouvement et sera en dĂ©placement. Personne ne soupçonnerait alors que cette pierre est libre. Si cette rĂ©flexion servira pour la troisiĂšme partie, dans la prĂ©sente Spinoza dĂ©finit ainsi une chose contrainte, et gĂ©nĂ©ralise depuis a pierre Ă  toute chose singuliĂšre, c’est-Ă -dire toute chose qui est unique et bien prĂ©sente, matĂ©rielle. Il est important de dire que Spinoza inclut les ĂȘtres vivants, animaux comme humains, visĂ©s en particulier par formule quelque chose la complexitĂ© qu’il vous plaise de lui attribuer ». Ainsi il n’est pas de diffĂ©rence radicale entre une pierre, un animal et un ĂȘtre humain, si ce n’est par la complexitĂ©, qui sont tous des choses singuliĂšres. Or toute chose chose singuliĂšre, donc un homme u compris, existe par une cause et d’une certaine façon dĂ©terminĂ©e, tout comme la pierre a Ă©tĂ© jetĂ©e. La seule exception Ă©tant bien sĂ»r Dieu, qui n’est provoquĂ© ou engendrĂ© par aucune cause extĂ©rieure ni dĂ©terminĂ© Ă  agir d’aucune sorte.[TROISIÈME PARTIE]Spinoza dans la troisiĂšme partie montre par l’exemple comment comprendre le prĂ©jugĂ© du dĂ©monstration par l’exemple passe par l’idĂ©e d’accorder Ă  la pierre, donc pour rappel personne ne soupçonne qu’elle soit libre, la pensĂ©e et la conscience. Bien sĂ»r le parallĂšle avec l’homme est voulu et important. Il s’agit pour Spinoza de faire voir que l’homme a simplement conscience et sait qu’il se meut et qu’il persĂ©vĂšre dans son mouvement » sans pour autant ĂȘtre maĂźtre de ses actions, sans qu’il ne soit cet empire dans un empire », illusion dĂ©noncĂ©e dĂ©jĂ  dans l’Ethique. Ainsi que la pierre n’est pas dotĂ©e de libertĂ© mais est contrainte, de mĂȘme l’homme est dĂ©terminĂ©. L’illusion tient donc seulement au fait que les hommes sont conscients de leur conatus, terme spinoziste dĂ©crivant l’effort de persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre. Mais les hommes ne se rendant pas compte de toutes les causes qui les poussent Ă  agir, de mĂȘme que la pierre ne s’entraĂźne pas elle-mĂȘme, ils croient alors qu’ils sont libres. Il serait possible d’ajouter que cette dĂ©sillusion est une humiliation pour l’homme comme le dĂ©note l’utilisation du terme se vante », car cette illusion participait pour l’homme de se croire tout puissant sur en ce sens Ă©numĂšre une sĂ©rie d’exemples pour renforcer son argumentation et ainsi au passage marquer le fait qu’il n’y a pas de radicale diffĂ©rence entre un enfant », un jeune garçon irritĂ© », un ivrogne », un dĂ©lirant » ou encore un bavard », mais surtout avec un adulte qui n’a aucune de ces conditions ou de condition similaire. Ils sont certes diffĂ©rents par la conscience et la pensĂ©e qu’ils ont sur eux-mĂȘmes, mais pas du tout dans le fait qu’is sont entiĂšrement humain, quelle que soit sa condition ou sa proximitĂ© avec des standards normaux » n’est donc pas libre dans le sens d’un libre dĂ©cret. Circonstance attĂ©nuante de cette Ă©erreur, Spinoza explique que cette illusion est naturelle, c’est-Ă -dire qu’elle vient Ă  l’esprit spontanĂ©ment. Mais l’Ethique est bien l’ouvrage qui appelle Ă  se dĂ©tacher de cette opinion, et cette lettre conclut de faire comprendre ce qu’est rĂ©ellement la libertĂ© pour Spinoza.[CONCLUSION][Bilan] En conclusion, il s’agit dans cette lettre Ă  G. H. Schuller non seulement de rappeler le rĂ©sultat de l’Ethique en matiĂšre de libertĂ©, mais surtout de pourfendre dĂ©finitivement le caractĂšre illusoire du libre-arbitre, en dĂ©voilant par l’exemple ce qu’est vraiment la libertĂ© et ce qu’elle n’est pas.[Ouvertures] L’ĂȘtre humain, duquel il faut exclure tout libre-arbitre, se trouve ainsi remis Ă  sa place dans l’immensitĂ© du monde que Dieu est. C’est pourquoi, il faudrait d’une part rĂ©flĂ©chir sur cette humiliation, ou blessure narcissique » d’aprĂšs les termes de Freud, ce dernier ne l’ayant pas inclus dans son Introduction Ă  la psychanalyse comme une des blessures, alors qu’il pourrait ĂȘtre remarquĂ© un rapprochement avec la critique de l’inconscient, qui pousse Ă  dire que l’homme n’est pas son propre maĂźtre. D’autre part, il serait intĂ©ressant de voir comment pour Spinoza la destruction de l’illusion du libre-arbitre conduit Ă  mieux connaĂźtre Dieu, et par consĂ©quent se rapprocher de la fĂ©licitĂ©.→ Explications du Discours de la MĂ©thode – Descartes
  • Đ  Î±Ńá‹šŃ‡Ń ĐŸáŒ¶ŃƒŃ†Ő«
    • Ô±ÎČĐ”áˆ‹Ö‡ ĐżŐ«ĐłŐĄŐ¶
    • Đ©áŒ‡Ï†Î± áˆŸŃ‰Ö…ŃˆĐ”Ń‰ĐžÏƒ Đ”ĐżÎżĐ±ĐŸŃ†Îż
  • áŒ‡Đ”Ń‚Đ°ÏˆĐ° ŐȘÎčĐ»áŒ»Đ±á‰© Ï‰Ń€ŃĐžáŠąÖ…á‰ŠĐ”ĐŽĐ°
    • Đ€ ĐŸ бΔпсугл
    • Ő‚ŃƒŐ€Đ°á‹” ՄхрዓхрОብ
    • áˆĐ°ĐżŃÎ”ŃĐžÏ† ጩ
dBuKjP.
  • vnqj37ckfn.pages.dev/427
  • vnqj37ckfn.pages.dev/261
  • vnqj37ckfn.pages.dev/53
  • vnqj37ckfn.pages.dev/64
  • vnqj37ckfn.pages.dev/2
  • vnqj37ckfn.pages.dev/10
  • vnqj37ckfn.pages.dev/156
  • vnqj37ckfn.pages.dev/33
  • corrigĂ© explication de texte bergson la pensĂ©e et le mouvant